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jeudi 25 février 2016

Des imprimantes 3D dernier cri en prison

L’association « Ensemble contre la récidive » lance une première en France : des cours d’imprimantes en 3-D dernière génération dans une prison pour femmes, sous forme de « fab-lab ».


C’est la nouvelle forme d’apprentissage de pointe, venue des Etats-Unis : le « fab-lab », contraction de « fabrication laboratory », une méthode inventée au célèbre MIT de Boston qui consiste à mettre à disposition du public des ordinateurs et des imprimantes 3-D dernier cri pour la conception d’objets numériques.


Sauf qu’ici, le public est captif, entièrement constitué de détenues de la maison d’arrêt de Versailles, où quelque 70 prisonnières purgent leur peine dans un ancien pensionnat du XVIIIème siècle à quelques encablures du palais du Roi Soleil.

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« L’objectif, c’est d’occuper intelligemment l’esprit et surtout d’acquérir des compétences qui peuvent déboucher sur un emploi quand on sort de prison, » explique Pierre Botton, le fondateur de l’association « Ensemble contre la récidive », qui vient de lancer le projet.

"Là, c'est la Rolls des imprimantes 3 D, la Ferrari dont tout le monde rêve"

« Il faut éviter par tous les moyens que la détention soit juste un trou noir dans une vie, un temps mort dont on ne puisse jamais se remettre » poursuit Botton, lui-même ancien homme d’affaires puis prisonnier, qui a fondé son association en 2010 pour améliorer les conditions de vie derrière les barreaux et aider les détenus à se réinsérer.

Il a financé son projet à Versailles, qui coûte 120 000 euros par an, grâce à des donateurs privés, dont Orange et le groupe Lagardère (propriétaire de Paris Match).

« Là, c’est la Rolls des imprimantes 3-D, la Ferrari dont tout le monde rêve, même dans pas mal d’universités, » s’enthousiasme Tamer, l’un des formateurs, en faisant visiter le petit atelier aux fenêtres grillagées, situé au premier étage de la prison.

Un groupe de six femmes sont en plein travail, programmant un logiciel pour lancer leurs impressions tridimensionnelles, obtenues grâce à un jet d’une sorte de silicone liquide qui durcit en refroidissant pour prendre la forme voulue par l’ordinateur. Seules environ 20 % des détenues ont été sélectionnées pour participer au laboratoire, explique Tamer, puisqu’il faut déjà savoir lire, compter et employer un ordinateur.

Pour la première fois, des détenus ont accès à Internet

« Ensuite le fab-lab fait appel à beaucoup de compétences : être capable de travailler en équipe, affronter le « problem solving » et se faire confiance », dit-il. A l’échelle des prisons françaises, l’atelier est une petite révolution : c’est tout bonnement la première fois que des détenus ont accès à Internet. Même s’il s‘agit d’un accès limité, très contrôlé, pour ne consulter que des sites autorités permettant des modélisations en 3-D.

« Je m’en réjouis, affirme Franck Rivière, le directeur de la maison d’arrêt. Ca montre que l’administration pénitentiaire n’a pas vocation à lutter contre les avancées technologiques ». Derrière son ordinateur, une détenue reste particulièrement concentrée. Aïcha* (le prénom a été modifié en raison des règle carcérales) se sert de l’imprimante pour fabriquer des petits objets en forme de cœur. Ce sont en fait des pendentifs, pour ses quatre filles qui l’attendent dehors. « C’est bien, ça fait des petits cadeaux. Ca leur montre que je pense à elles tout le temps. »

Paris Match

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