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samedi 2 avril 2016

France - Escorte policière, prison ultrasécurisée... Ce qui attend Salah Abdeslam

La justice belge a donné jeudi soir son feu vert à la remise du logisticien présumé des attentats de Paris aux autorités françaises.

Actuellement détenu à la prison de Bruges, Salah Abdeslam, le logisticien présumé des attentats de Paris, devrait être transféré à la prison de Fresnes ou de Fleury-Mérogis sous haute escorte policière.

Transfèrement sous haute escorte, cellule sécurisée... La procédure relève du défi sécuritaire.

Dans la nuit du 13 novembre, après s'être longuement caché à Montrouge, Salah Abdeslam a quitté la France en se faisant exfiltrer par deux amis. Plus de quatre mois après, le logisticien présumé des attentats de Paris, détenu en Belgique, s'apprête à revenir dans le pays contre lequel il a conspiré.

La justice belge a autorisé jeudi soir sa remise aux autorités françaises "dans un délai de 10 jours". Après avoir, dans un premier temps, refusé son transfèrement, le djihadiste de 26 ans a finalement consenti à "collaborer" avec la justice française, ce qui a accéléré la procédure. 

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"Je n'explique pas ce changement d'avis. Il s'est peut-être donné le temps de la réflexion", confie à L'Express l'un de ses avocats, Cédric Moisse. Le pénaliste belge refuse de s'étendre sur l'état d'esprit de son client, qu'il a vu récemment. "Il est comme quelqu'un qui a pris une balle dans la jambe, même s'il n'est plus alité", se contente-t-il d'indiquer.

Transféré par les airs ou par la route

Selon RTL, les services d'élite de la police et de la gendarmerie, le RAID et le GIGN, ont été sollicités en vue de conduire l'opération, très sensible, de transfèrement.

Salah Abdeslam étant le seul survivant des commandos qui ont semé la mort à Paris et le seul à même de donner des réponses, les Belges et les Français veulent garantir la sécurité de son voyage et prévenir tout risque d'évasion.

Plusieurs pistes seraient sur la table: la voie aérienne, qui nécessiterait un atterrissage à la base militaire de Villacoublay, et la piste terrestre, mais ce qui sous-entendrait un long voyage de 300 kilomètres sous haute escorte. La radio rappelle toutefois que l'exercice n'est pas inédit. Par le passé, des terroristes basques ont été transférés de l'Espagne vers la France, souvent par avion.

Dans une prison "à la sécurité renforcée"

Une fois à Paris, Salah Abdeslam sera présenté aux juges antiterroristes chargés de l'instruction sur les attaques du 13 novembre. Il devrait ensuite être mis en examen et placé en détention provisoire.

En attendant son procès, le Molenbeekois devrait être entendu à plusieurs reprises par les policiers et magistrats instructeurs, qui attendent beaucoup de lui pour remonter la chaîne des complicités. Selon maître Cédric Moisse, son client n'a plus été interrogé depuis le jour des attentats de Bruxelles.

Côté détention, le jeune Belge devrait être admis à la prison de Fresnes ou à celle de Fleury-Mérogis, deux établissements franciliens habitués à accueillir des prisonniers de cette sensibilité.

"La décision reviendra au juge des libertés et de la détention. Mais, il existe des établissements à la sécurité renforcée. L'administration pénitentiaire est prête et mobilisée à l'arrivée de Salah Abdeslam", assure-t-on au ministère de la Justice.

Selon Le Figaro, la maison d'arrêt de Fresnes serait privilégiée en raison de sa spécialisation pour les détenus radicalisés. La Chancellerie a en effet mis en place une expérimentation visant à regrouper ce type de prisonniers dans une même aile afin qu'ils n'embrigadent pas d'autres personnes.

Salah Abdeslam n'a aucune chance de ce retrouver dans ce groupe de 26 personnes puisqu'il devrait être mis à l'isolement mais les surveillants de Fresnes sont formés aux islamistes radicaux. 

A l'isolement, sans contact avec les détenus

"Il sera placé à l'isolement pour le protéger des autres détenus qui voudraient potentiellement s'en prendre à lui. Mais comme les autres, il aura droit d'avoir une télévision dans sa cellule, à ses deux promenades quotidiennes de deux heures", détaille Yoan Karar, délégué national du syndicat FO-Pénitentiaire, qui a travaillé 10 ans à Fresnes.

S'il est admis dans cet établissement, Salah Abdeslam vivra dans une cellule de neuf mètres carré, fermée par deux portes: une en bois et une grillagée. 

"L'ouverture se fait toujours avec deux personnes, un agent et un gradé. Peu de surveillants disposeront des clés. Et à chaque déplacement, les bâtiments seront bloqués pour qu'il n'ait pas de contact avec d'autres détenus", explique encore le syndicaliste.

En raison de l'isolement, qui peut entraîner des conséquences "physiques ou psychologiques", Salah Abdeslam disposera d'un suivi médical poussé et recevra la visite quotidienne d'un médecin. Les activités collectives, telles que les ateliers de poterie, lui seront proscrites. "Il pourra en revanche lire, faire du sport, courir...", énumère Yoan Karar.

Un seul étage sépare les détenus isolés des radicalisés

Petit détail piquant: à Fresnes, le quartier de l'isolement est situé dans le même bâtiment que le quartier des détenus radicalisés, qui ne sont séparés que d'un étage. Salah Abdeslam pourrait-il communiquer avec eux?

Le journal flamand Het Nieuwsblad a affirmé, sans que ce soit confirmé officiellement, que Medhi Nemmouche, l'auteur présumé de la tuerie au musée juif de Bruxelles, lui a donné des consignes en criant à travers sa cellule de la prison de Bruges.

"C'est malheureusement possible de faire passer des messages entre l'isolement et les autres quartiers. On entend bien. Les détenus discutent tout le temps par les fenêtres", regrette l'ancien surveillant pénitentiaire de Fresnes. 

Aucune chance, en revanche, que Salah Abdeslam communique avec l'un des deux seuls mis en examen en France dans l'enquête sur les attentats, le "logeur" Jawad Bendaoud. Ce dernier est incarcéré à la maison d'arrêt de Villepinte.

L'Express

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