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dimanche 3 avril 2016

Urvoas : la justice est «à bout de souffle»

Dans un entretien au JDD, le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas estime que son ministère est dans un état financier déplorable.
Le garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, le 30 mars à Paris

Un peu plus de deux mois après sa nomination, le garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas décrit, dans un entretien au Journal du Dimanche, une justice française «à bout de souffle», avec un ministère qui «n’a plus les moyens de payer ses factures».

Le ministre de la Justice alerte sur l'état du système judiciaire en France, «en état d'urgence absolue» selon lui. «Depuis que je pousse la porte des juridictions, je dis plutôt qu’elle [la justice ndlr] est sinistrée», s’alarme-t-il.

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Preuves à l'appui : «la direction de l’administration pénitentiaire a 36  millions d’euros de factures impayées pour des hospitalisations de détenus» explique-t-il.

Ou encore, «l’État a une dette de 170 millions d’euros» de frais d’interprètes, de laboratoires d’analyses ADN, d’experts, d’écoutes téléphoniques... «Tous ces prestataires privés sont payés au minimum avec quatre mois de retard», déplore le ministre qui raconte aussi une anecdote significative d'une justice qui n'a plus d'argent : «Je connais même un tribunal où on n'imprime plus les jugements parce qu'il n'y a plus d'argent pour les ramettes de papier !»

Jean-Jacques Urvoas assure qu'«énormément d’efforts» ont été faits depuis 2012 «sur les créations de postes», de magistrats notamment. Mais, dit-il, «les budgets de fonctionnement n’ont pas suivi».

Dans cet entretien au JDD, le ministre rappelle par ailleurs sa volonté de mener à bien le projet de réforme constitutionnelle sur le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), une promesse présidentielle de François Hollande, pour renforcer l’indépendance des magistrats.

«Cette réforme consiste à faire nommer les procureurs par le CSM, autrement dit à enlever au politique ce pouvoir de nomination», explique-t-il. «Voir poindre à nouveau aujourd’hui des tentations de nominations politiques de procureurs me fait dire que cette réforme du CSM, qu’appellent de leurs vœux tous les magistrats, est absolument nécessaire», déclare le ministre qui présentera cette réforme cette semaine à l'Assemblée nationale.

Libération

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