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jeudi 7 avril 2016

Laon : des conseillers de l’ombre qui sont au bord du gouffre

Les conseillers d’insertion et de probation sont sous tension. Pas idéal pour participer à une bonne administration de la justice.

Selon Bruno Colin (CGT), les moyens manquent pour accompagner correctement les condamnés.Photo L’Union

Si ce n’est pas un ras-le-bol, ça y ressemble. Les conseillers des services pénitentiaires d’insertion et de probation (les SPIP qui concentrent près 4 000 agents en France) dénoncent de cruels manques en moyens humains et matériels.

Et finalement, le peu de cas qui est fait, par l’administration pénitentiaire et le ministère de la Justice, du travail qu’ils accomplissent chaque jour auprès des détenus et des personnes condamnées.

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Une intersyndicale CGT, SNEPAP et CFDT organise depuis quinze jours des assemblées générales quasiment partout sur le territoire. Les récriminations des personnels sont depuis peu sur le bureau de Jean-Jacques Urvoas, le successeur de Christiane Taubira au ministère de la Justice. Une justice, le nouveau nommé vient de s’en émouvoir, qui serait selon lui « au bord du gouffre ».
               
Gouffre ou pas, les conseillers du département subissent, comme les personnels de greffe que l’on a entendu l’année dernière, la charge d’une mission accomplie sans les moyens en rapport. « À Laon, chaque conseiller gère en moyenne 130 dossiers de personnes condamnées mais pas incarcérées. Pour veiller au maintien du lien social. Trouver des formations, maintenir les relations avec tous nos interlocuteurs. On est dans l’humain. Nous avons affaire à des personnes cabossées. Il faut du temps pour faire tout cela », explique Bruno Colin, conseiller depuis 2008 et représentant syndical CGT.

Des stagiaires qui font
le boulot des titulaires

Un exemple : ce technicien a tenu une permanence ce mercredi à Tergnier. Il devait recevoir quatorze personnes aux parcours complexes. Parfois, pour d’autres de ses collègues, les permanences se déroulent à Montcornet ou au Nouvion-en-Thiérache. Veiller à la bonne exécution du mandat fixé par le juge, tisser un lien avec le condamné, prévenir sa récidive ne sont que quelques-unes des missions dévouées à ces professionnels.

Conseiller SPIP, c’est un métier. L’école dédiée est située à Agen. Elle forme ces spécialistes après deux années d’études. En théorie car, déplore Bruno Colin, « un système de pré-affectation se développe. Si bien qu’en deuxième année, des stagiaires arrivent sur le terrain chez nous et font plus ou moins le travail de titulaires. »

« Un turnover très fort »

À Laon, trois conseillers sur les sept qui œuvrent au centre de détention sont des « étudiants ». En milieu ouvert, ils sont cinq sur un effectif de douze. Résultat, les professionnels doivent aussi encadrer leurs cadets. Sans compter que ceux qui seront affectés à Laon ou Soissons par exemple n’y restent le plus souvent pas.

« Le très fort turnover aussi, ça pèse sur l’accomplissement de notre travail », regrette le délégué syndical. Méconnus, ces « conseillers » agissent en bout de chaîne...

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