Il y a une semaine, le prisonnier de 32 ans est attaqué à la lame de rasoir lors d'une bagarre en cour de promenade.
A l'encontre du détenu d'à peine 22 ans, jugé hier en correctionnel, le parquet a retenu des violences avec l'usage d'une arme suivies d'une incapacité n'excédant pas huit jours, en récidive. Un jour en l'occurrence. Pourtant, ce 18 avril en cour de promenade de la maison d'arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone, le coup de lame est passé à un cheveu de dommages irréversibles sur la victime.
Le geste en diagonal de haut en bas, avec une lame de rasoir, s'est échoué sur son front. Le prisonnier, balafré sur 4 cm, âgé de 32 ans, purge à ce moment-là une peine de dix-huit mois de prison pour conduite sans permis et sous l'emprise de l'alcool (1,46 g d'alcool). Encore marqué par le "voile de sang" qui a coulé de l'entaille, il lâche au porteur de lame : "Si je ne recule pas, je le prends dans l'œil, et là, frère, c'est trente ans que tu prends !". En cour d'assises.
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"J'ai vu quelque chose de brillant dans sa main"
Les deux hommes ne se connaissent pas au moment des faits. La victime est d'abord hélée par un groupe de détenus qui lui demande du tabac. Malgré un passé fourni de délinquant, lui n'a aucune raison de se méfier, il n'a pas de conflit dans la prison qu'il a réintégrée le 10 février dernier. "Ils commencent à me mettre les mains dans les poches, raconte-il, sparadraps sur le visage et bras en écharpe à la barre, à me demander avec qui je trafique du cannabis. Ils me disent que je ne suis pas chez moi et me mettent des petits coups."
Il ne se laisse pas faire, et une dizaine d'individus lui tombe dessus, sous les yeux des surveillants postés sur les miradors. Ses amis arrivent à la rescousse et c'est la bagarre généralisée. Mais lorsque les agents interviennent, un calme précaire semble être revenu dans la cour. Une fois le dos tourné, les regards mauvais se recroisent entre la victime et un détenu du groupe adverse.
La rixe repart de plus belle entre les deux hommes. C'est à ce moment-là qu'un troisième larron, le prévenu en l'occurrence, assène un coup de lame de rasoir sur le visage de la victime. "Il s'est battu avec un ami à moi, se défend-il, j'ai vu quelque chose de brillant dans sa main." Voilà pourquoi il se serait saisi d'une lame trouvée dans la cour de promenade pour tenir l'agresseur à distance. "Les lames de rasoir, ça ne pousse pas dans la cour de promenade !, intervient, agacée, la présidente Véronique Noclain. Vous l'aviez peut-être déjà avec vous."
Trois ans ferme pour l'agresseur
Son geste n'était pas "volontaire", dit-il. Signe que le jeune homme, déjà embastillé de façon provisoire dans le cadre d'une tentative de meurtre, ne semble pas en mesurer la portée.
"Heureusement, monsieur s'est rebellé, a refusé l'omerta", note le procureur, Yves Nicolet, en parlant de la victime qui a eu "le courage de porter plainte". Le mot d'excuse du mis en cause n'ayant au mieux, à ses yeux, qu'un caractère "ridicule".
Le tribunal a suivi ses réquisitions en condamnant le prévenu, âgé de 22 ans, à quatre ans de prison dont un avec sursis (avec mandat de dépôt), et trois ans de mise à l'épreuve. Une obligation de se soigner et de travailler. L'indemnisation de la victime pour les dommages subis sera déterminée lors d'une audience civile. Enfin, il a été décidé de transférer le condamné au centre pénitentiaire de Béziers.
"Ces dix secondes auraient pu être fatales"
Mardi 26 avril, coïncidence, une semaine après son agression en prison, c’est la victime qui devait convaincre les magistrats de la cour d’appel de Montpellier de lui faire une fleur. L’homme au casier "exceptionnellement" chargé, avec dix-huit mentions, est incarcéré depuis le 10 février à Villeneuve-lès- Maguelone, pour conduite sans permis et sous l’emprise de l’alcool (1,46 g dans le sang).
Malgré de nombreuses peines prononcées pour des faits similaires, il a tenté de démontrer les efforts fournis depuis les précédents séjours en prison pour tenter de se ranger des affres du monde de la nuit sur le Cap-d’Agde et de se réinsérer. Comme buraliste, compagnon présent auprès de son amie et de sa fille.
"Je ne conteste pas les faits, dit-il, je mérite la peine. Je veux vous expliquer qu’avec tout ce que je fais, ces dix-huit mois pourraient être utilisés de manière plus utile", avait-il plaidé, ému et le visage encore tuméfié. Sa récente agression pourrait bien finalement persuader les juges d’aménager sa peine. "J’entends votre discours, ce n’est pas normal d’être agressé par arme blanche dans la cour de promenade", avait reconnu l’avocat général.
Hier, au procès de l’agresseur de son client, Me Darrigade a fait passer son message à l’administration pénitentiaire : "Il ne comprend pas trop qu’on ne l’ait pas plus aidé que ça. Ces dix secondes auraient pu lui être fatales. Il faudrait, du haut des miradors, quand on s’en prend à dix contre un, mettre un terme plus rapidement à cela."
Midi Libre
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