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mercredi 13 avril 2016

Transfert de Salah Abdeslam en France : "Une opération de grande envergure"

Equipe, itinéraire, publicité... Le choix du dispositif pour la venue en France de Salah Abdeslam, logisticien des attaques du 13 Novembre à Paris, est d'une extrême sensibilité. Interview d'expert.

Pascal Bitot-Panelli

Ancien commandant fonctionnel au service de protection des hautes personnalités, aujourd'hui expert en sécurité rapprochée et président de la société Diomède protection, Pascal Bitot-Panelli décrypte pour "l'Obs" la façon dont s’organise pareil transfert.

Salah Abdeslam doit être transféré dans les semaines qui viennent de la Belgique vers la France, afin de répondre sur sa participation aux attentats de Paris. L’opération a été retardée, les Belges ayant encore besoin de l’entendre sur les dossiers des attentats de Bruxelles. Comment se prépare une escorte exceptionnelle de ce genre ?

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- Pascal Bitot-Panelli. Une mission comme celle-ci s'organise par un vecteur essentiel qui est la "transversalité opérationnelle", c'est-à-dire la liaison entre les forces spéciales des deux pays, entre les forces de police des deux pays et évidemment avec l'ensemble du système pénitentiaire.
 
Le choix du service qui sera désigné pour prendre en main la mission est une décision politique, chaque opération de ce type étant très particulière. Mais on peut imaginer ici que le Raid et le GIGN soient engagés, simultanément, à l'appui stratégique des forces opérationnelles belges. Ce sont eux qui mettent en place le timing, les routes et les moyens de transport : hélicoptère, avion ou voiture. Ici, on peut considérer que trois heures de route, cela fait beaucoup pour un dispositif pareil.

De toutes façons, une opération de cette sensibilité sera totalement confidentielle, allant peut-être même jusqu’à l’utilisation de leurres. Le grand public et les médias ne seront informés qu’une fois la mission réalisée.

Quelles menaces sont redoutées ?

- Le risque principal est de tomber sur une équipe ou un commando qui puisse avoir des informations sur le déplacement et ayant les capacités humaines et opérationnelles afin d’attaquer le convoi et de libérer le détenu.

Nous connaissons leurs méthodes : choc, feu, mouvement. A l'appui d'une grande préparation, il faut donc que des agents d'élite soient en position et prévoir un plan de secours sur le trajet, quitte à changer de trajet, d’itinéraire ou même de prison.

Le principe dans ce genre d'opération est de ne jamais s'enfermer dans un effet tunnel et toujours avoir la possibilité d'un plan B. C'est une opération de grande envergure. Ici, il faut parer à toute tentative d'évasion mais aussi à tout risque d'exécution éventuelle, de la part d'un individu qui voudrait faire justice lui-même ou d'autres qui voudraient l'empêcher de parler.

Le détenu transféré sera - sauf cas exceptionnel - menotté, cagoulé et équipé d'un gilet pare-balles. Ce sont des décisions prises au cas par cas.

Quels sont les précédents transferts aussi spectaculaires en France ?

- Bien des missions ont été menées par différents services ces dernières années, que ce soit le transfert d'Yvan Colonna en avion de la Corse vers Paris ou des transferts de personnalités importantes du grand banditisme. Parfois, cela se fait de façon très spectaculaire. D'autres fois, personne n'est au courant...

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