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mercredi 15 juin 2016

Les inondations contre le projet de centre pénitentiaire à Lutterbach?

Le maire de Lutterbach, farouchement opposé au projet de prison sur des terres agricoles de sa commune, a profité de l’actualité liée aux inondations pour revenir à la charge, la zone prévue étant, selon lui, à risque.

Le site retenu pour le futur centre pénitentiaire est situé en face de la Cité de l’habitat.  Archives L’Alsace/

Au point divers de l’ordre du jour du conseil municipal de Lutterbach, lundi soir, le maire, Rémy Neumann, toujours vent debout contre le centre pénitentiaire projeté sur des terres agricoles de sa commune, a informé les élus de deux démarches qu’il a entreprises et qui plaident, selon lui, pour l’abandon de ce site.


« J’ai déposé un recours en excès de pouvoir contre un arrêté préfectoral qui a prolongé de cinq ans la DUP [déclaration d’utilité publique], a-t-il expliqué. Il y a cinq ans, la DUP était urgente, or, au bout de cinq ans, on ne voit toujours rien venir. »

Recours contre la prolongation de la DUP

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Pour prolonger « la DUP urgente » de cinq nouvelles années, « le préfet affirme qu’il n’y a pas eu de changement depuis 2011, ce que nous contestons ».

Pour Rémy Neumann, trois faits importants sont survenus dans ce laps de temps : l’adoption du PPRI (plan de prévention du risque d’inondation), une modification de la taille de la prison et une étude que la commune a diligentée « qui montre que l’altitude du terrain prévu pour la prison est la même que celle de la zone juste à côté classée inondable dans le PPRI ».

Par ailleurs, le maire trouve dans l’actualité de nouveaux arguments et a écrit, cette fois, non plus au garde des Sceaux, mais à la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, pour tenter de la convaincre de « l’irresponsabilité de l’APIJ [Agence publique pour l’immobilier de la justice] et du ministre de la Justice » et d’appuyer de son poids la demande d’abandon du projet de Lutterbach.

Une prison sur la friche Amélie à Wittelsheim ?

Et de rappeler, à la fois dans sa lettre et aux élus, quelques exemples récents de centres pénitentiaires qu’il a fallu évacuer en raison d’inondation : « prison d’Arles, construite en 1991, inondée le 3 décembre 2003, avec évacuation rocambolesque (selon la presse) d es détenus, puis remise en état durant six ans au prix fort, pour une réouverture en 2009 ; prison de Draguignan, inondée le 15 juin 2010, avec évacuation précipitée des détenus et démolition nécessaire des bâtiments, prison qui n’est toujours pas démolie, faute de crédits, alors que la nouvelle doit ouvrir en 2017 ; prison de Saran, inaugurée en grande pompe par Mme Taubira le 24 juillet 2014, inondée le 31 mai 2016 avec, là encore, évacuation précipitée des détenus. Prison construite en dépit du bon sens dans une zone réputée inondable dont le projet a pourtant été validé par l’APIJ et le ministère de la Justice. »

Et de conclure : « Lutterbach ne doit pas être la quatrième expérience malheureuse, d’autant qu’une autre solution existe dans l’agglomération mulhousienne. » Cette autre solution, qui est d’implanter le centre pénitentiaire projeté sur la friche Amélie à Wittelsheim, est soutenue par le maire de cette commune, a révélé Rémy Neumann.

« J’ai également informé le maire de Colmar, Gilbert Meyer, qui continue à défendre la rénovation du centre de courtes peines à Colmar » , a-t-il poursuivi. Ces arguments convaincront-ils la ministre de l’Écologie et celle-ci arrivera-t-elle à persuader Jean-Jacques Urvoas, le ministre de la Justice, du bien-fondé du raisonnement du premier magistrat de Lutterbach ?

L'Alsace

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