Wanda, directrice adjointe d'une prison en Bolivie où s'entassent 5 000 détenus pour 800 places nous raconte leur quotidien, vous pourrez voir son témoignage dans Caméléon, une série documentaire Capa, le mardi 14 juin sur 13e Rue à 22h30.
Wanda Canizares : Des conditions de vie des prisonniers et de leur suivi psychologique. Palmasola, ce sont sept quartiers différents dont un quartier réservé aux femmes (PC2) et un autre, le plus peuplé, entièrement géré par les prisonniers (PC4). Notre plus jeune détenu a 18 ans, le plus vieux 83 ans.
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La population carcérale compte des tueurs, des narcotrafiquants mais aussi des justiciables en attente de procès... La cohabitation est-elle évidente ?
Tout d'abord, les détenus les plus dangereux sont dans un quartier à part. Et pour être admis dans le PC4 et bénéficier de cette semi-liberté, les détenus sont évalués psychologiquement. On vérifie qu'ils sont prêts à travailler, qu'ils ne poseront pas de problème.
En visitant la prison, il m'a semblé apercevoir une très jeune détenue enceinte dans le PC2 : comment gérez-vous ces grossesses ?
Nous avons une équipe médicale, avec un échographe et un pédiatre. Nous pouvons suivre leur grossesse, et elles vont accoucher à l'hôpital le plus proche. Le bébé est confié à des parents à l'extérieur ou reste auprès de sa mère jusqu'à ses 6 ans. Au-delà, les enfants partent.
On croise beaucoup d'enfants, petits et grands, dans le quartier autogéré. Ce ne sont évidemment pas des détenus puisqu'il faut avoir 17 ans pour être admis. Qui sont-ils ?
Des visiteurs venus voir leur père détenu. Nous encourageons cela car le droit à la famille est fondamental en Bolivie. Pour les détenus, c'est une motivation extraordinaire et un énorme soutien moral. Quand ils ont leur femme et leurs enfants, ils ne se laissent pas aller à la dépression, ils travaillent... Et ici, deux journées travaillées équivalent à un jour de réduction de peine.
Officiellement, les femmes n'ont pas l'autorisation de rester dormir avec leur mari. Elles ont un droit de visite trois fois par semaine et l'obligation de quitter la prison à 18h. Or, certaines m'ont confirmé qu'elles y dormaient !
(Silence gêné. ) Cela peut arriver, oui... C'est une pratique illégale, un dysfonctionnement de la police de contrôle à l'entrée de la prison.
N'est-ce pas dangereux pour ces femmes et ces enfants de vivre au milieu de 2 800 prisonniers en semi-liberté... et pas un seul policier?
Non, il y a un service d'ordre de prisonniers très efficace. Et puis les détenus savent qu'il n'y a pas d'intérêt à agresser la femme d'un autre. Les représailles seraient immédiates.
Téléstar
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