Une énième affaire de parachutage d’objets dans la cour du centre de détention met en lumière l’exaspération du personnel
La situation n'est pas spécifique au centre de détention de Neuvic-sur-l'Isle, en Dordogne, coincé entre la nationale 89, le hameau du Breuil et un bois. Mais lundi, le personnel pénitentiaire a dû se faire justice, sur un terrain qui n'est pas de son ressort.
"Le terrain autour des murs de la prison ne dépend pas de nous. Il est dans la juridiction de la police", précise-t-on au sein du personnel.
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Pourtant, cinq employés, qui observaient pour la énième fois un homme tenter de passer un colis depuis l'extérieur dans la cour de promenade, ont pris la responsabilité de l'immobiliser. Jugé ce mercredi, l'individu a été condamné. « Si l'on avait respecté le règlement et attendu les gendarmes, il serait loin. »
Cette situation, le personnel la regrette. On dit agir par nécessité. "Les parachutages sont constants. À la louche, nous avons dû saisir une soixantaine de téléphones portables depuis le début de l'année.
C'est bien sûr sans compter ceux en circulation que l'on ne retrouve pas." À cela s'ajoutent de l'argent liquide et diverses substances illicites. "On nous dit : “Au moins, avec le cannabis, ils se tiennent tranquilles.”.S'il n'y avait que ça ! On ne sait pas ce qui circule. Parfois, on a un détenu qui pète les plombs et retourne toute sa cellule. Le temps qu'il fasse sa descente à l'infirmerie, il se confond en excuses. Nous ne pouvons pas tout dépister !"
Un problème de conception
Le personnel dénonce aussi un problème "qui tient à la conception des centres de détention. À Agen, par exemple, ils ont beau installer grilles, filets et monter les murs, les "parachuteurs" s'équipent de frondes. On en est là, à une escalade comique." Selon eux, le phénomène n'existait pas, ou était marginal avant l'apparition des téléphones mobiles. "Au début des années 1990, quand les prisons ont été conçues, personne n'imaginait que ça prendrait une telle ampleur."
Il sont l'impression également de tourner à vide. "Nous avons beau fouiller et confisquer, nous constatons que le ratio d'objets lancés augmente proportionnellement à notre répression. Notre rendement est nul."
Et ce faute de moyens, de temps : "Deux cellules inspectées le matin et deux l'après-midi, c'est le rythme que nous pouvons nous permettre à Neuvic…" Au centre de détention, on ne jette pas la pierre à la police. Mais on réclame des mesures : l'achat d'une bande de terrain aux propriétaires riverains pour élargir la zone interdite.
Plus généralement, les surveillants soulèvent la question de la régularisation des téléphones, contrôlés par l'administration. "Des engins bloqués qui réduiraient peut-être le nombre de colis, et donc aussi la circulation de drogues en prison."
Sud Ouest
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