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jeudi 11 août 2016

Weppes: condamné pour avoir «intimidé» un surveillant de prison et sa famille chez eux

Un habitant de Don a été condamné mardi à six mois de prison pour acte d’intimidation. 


Menaces voilées ou tentatives d’arranger les choses tranquillement avec le surveillant pénitentiaire
? Le tribunal de Lille a tranché. PHOTO ILLUSTRATION BAZIZ CHIBANE

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Parce que son frère était « malheureux en détention », le quadragénaire est allé trouver un surveillant pénitentiaire chez lui. Avec quelle intention ? Ce fut tout l’objet des débats à l’audience du tribunal correctionnel de Lille.


Philippe D. est un grand baraqué au ton affirmé, un homme intelligent, auto entrepreneur et père de famille. Il a un passé judiciaire chargé de neuf condamnations. Il est actuellement en détention provisoire mis en cause dans un autre dossier à l’instruction.

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Le 27 janvier 2016, il était libre et c’est son frère de 24 ans qu’il va voir au parloir de la prison de Sequedin : « Mon frère me bassinait. Il m’a dit qu’on lui faisait la misère. On ne lui passait pas ses cantines ».

À cette époque, une rumeur court en détention disant que le frère de Philippe D. est impliqué dans le cambriolage récent chez un surveillant à Sainghin-en-Weppes.

« On peut alors imaginer légitimement une réaction de corporatisme » plaidera Me Julien Bensoussan, conseil de Philippe D. Alors un mercredi après-midi, Philippe D. « toque » chez le surveillant de Sainghin qui dira aux enquêteurs : « Il m’a dit que j’étais le responsable, qu’il était là pour arranger les choses ».

En filigrane de la visite, Philippe D. aimerait que son frère soit transféré dans une autre maison d’arrêt.

« Des menaces à peine voilées » ?

À l’audience, le président s’arrête longuement sur le témoignage du gardien et sur celui de son épouse, également surveillante : « Eux ont compris que de manière subtile vous passiez un message. Car vous leur avez précisé que vous aviez empêché des jeunes de s’en prendre à eux et évoqué un autre surveillant pris dans un guet-apens… »

Pour Me Dimitri Deregaucourt en partie civile ce sont « des menaces à peine voilées » qui seront au cœur de sa plaidoirie : « Le couple a été extrêmement choqué. Il regardait la télé avec ses enfants, dans le cocon familial. Le but, c’était de faire peur ».

Des écoutes téléphoniques (diligentées dans le cadre du dossier d’instruction) renforcent ce sentiment, le président Simoens en lit un extrait : « On vous entend dire : Je l’ai traumatisé. Il était tout blanc ».

Dans le box, Philippe D. secoue la tête : « Là je fanfaronne. J’en ai rajouté ». Avant d’expliquer : « Je connais bien ce couple de surveillants. Ils habitent à cinq cents mètres de chez moi. Je leur ai serré la main en repartant ».

La procureure, Cyndra Celino, le reprend : « Vous allez nous dire que c’était une visite de courtoisie. La version des victimes est différente. Ils ne vous connaissent pas plus que ça. » La procureure cite l’épouse du surveillant : « Elle vous a demandé qu’on ne s’en prenne pas à ses enfants ». Elle requiert dix mois de prison.

« Une attitude stupide »

Pour l’avocat de la défense, il n’y a pas eu d’intention menaçante. « Il a eu une attitude stupide. Il en a pris conscience en garde à vue. C’est déplacé, ça ne se fait pas mais il n’y a aucune menace. Il va les voir uniquement parce qu’il croit qu’il peut résoudre les problèmes de son frère comme ça », plaide Me Bensoussan.

Le tribunal retiendra néanmoins la culpabilité de Philippe D. mais réduit la peine demandée par le ministère public, à six mois de détention.

La Voix du Nord

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