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jeudi 29 septembre 2016

Bienvenue aux JO des prisons

Après le succès de la première édition en 2012, la plus grande prison d'Europe se met à l'heure olympique. Une parenthèse sportive dans un contexte tendu à Fleury-Mérogis...


Une immense clameur descend soudain des deux immenses bâtiments qui entourent le terrain de foot.



 Normal, dans quelques instants, sous les regards des institutionnels également présents, la cérémonie d'ouverture de la 2e édition des Jeux olympiques des prisons va débuter. Pendant quinze jours (jusqu'au 12 octobre), détenus et personnels de la maison d'arrêt vont s'affronter à travers sept disciplines (football, basket, volley, athlétisme, boxe, musculation et tennis de table).

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Imaginé il y a quatre ans par Patty Badjoko, le coordinateur sportif du Comité olympique sportif et français de l'Essonne, détaché à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, ces JO des prisons sont devenus un rendez-vous attendu par quelque 300 détenus participants,sur les 4 400 prisonniers (dont Salah Abdeslam , seul membre vivant connu du commnado terroriste du 13 novembre) que compte la plus grande maison d'arrêt d'Europe.

Placés sous le signe de la mixité, ces Jeux s'ouvrent sur le défilé à la fois honorifique et symbolique des femmes détenues, qui participent pour la première fois à cette compétition. Fières avec leur tee-shirt rose floqué avec ce seul et unique mot « fair-play », elles marchent avec un grand sourire sous les applaudissements qui viennent des fenêtres des cellules. Puis, c'est au tour des hommes de faire ce tour d'honneur. Chacun sous la couleur de son bâtiment. Avec les encouragements du préfet, mais aussi de juges présents parmi les officiels, ces détenus oublient un moment leur sort.

Une fois le défilé terminé, Eric Fola, le responsable des Tambours parleurs, et sa troupe de danseurs et musiciens entrent en piste. Quelques détenus viennent se mêler au spectacle. Mais le clou de la cérémonie pour les détenus est l'apparition de deux danseuses, tout droit sorties du carnaval de Rio, qui a accueilli les derniers JO. Les surveillants qui assistent à cette cérémonie sont soudain plus vigilants. Mais cela reste bon enfant.

Parrain il y a quatre ans de la première édition, Ladji Doucouré, le champion du monde 2005 du 110 m haies, est fidèle au rendez-vous : « La première fois que je suis venu à Fleury, cela m'a fait un peu peur. Mais, là, je retrouve des personnes que je connais. Libre ou en prison, on a tous le droit de faire du sport. En cela, c'est une super initiative de mon ami Patty. » Le moment des discours officiels est un peu chahuté par des sifflets. Pour l'allumage de la flamme olympique, on a pensé à la torche, mais la vasque n'est toujours pas arrivée, faute de temps. Peu importe, après deux heures de spectacle ponctuées par des démonstrations de judo, de karaté, de break dance et de danses africaines, tout le monde regagne ses quartiers avec la banane.

Le Parisien

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