Confronté à la baisse de la population carcérale, le département de la Justice américain veut mettre un terme au recours aux prisons privées.
Le 18 août, le département de la #Justice américain a annoncé ne plus vouloir recourir aux prisons gérées par des entreprises privées. Les contrats avec les prisons privées arrivant à terme ne seront donc pas renouvelés, a affirmé la procureur général adjointe, Sally Yates.
Les lois Reagan sur « la guerre contre les drogues » dans les années 1980, puis la « guerre contre le terrorisme » après le 11 septembre 2001 ont entraîné une augmentation de près de 800 % du nombre de détenus fédéraux entre 1980 et 2013. En 1997, afin de faire face à la surpopulation carcérale, le département de la Justice commence à faire appel aux prisons privées. En 2013, près de 220 000 personnes sont incarcérées aux Etats-Unis, dont environ 15% dans une #Prison privée (cf. Correctional population in the United States, U.S. Department of Justice).
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La population carcérale américaine est en baisse depuis 2013, principalement du fait de la réévaluation des peines pour les délits non violents liés au trafic de drogue.
Plus d'agressions et moins de programmes de réinsertion dans les prisons privées
Cette décision fait suite à la publication d'un rapport de l'inspecteur général du département de la Justice (« Review of the Federal Bureau of Prisons’ Monitoring of Contract Prisons », août 2016). Selon ce rapport, le nombre d'agressions entre co-détenus et de la part des gardiens est plus important dans les prisons privées que dans les prisons fédérales publiques. Les prisons privées connaissent également plus de problèmes de contrebande : la confiscation de téléphones portables y est huit fois supérieure. Le département de la Justice souligne également le manque de programmes éducatifs et de formations professionnelles, pourtant essentiels pour la réinsertion des détenus.
Un journaliste sous couverture raconte son expérience comme gardien de prison privée
Shane Bauer, reporter à Mother Jones, a travaillé pendant quatre mois à la prison de Winn, en Louisiane, gérée par la société privée Corrections Corp. of America (CCA). Il témoigne des difficiles conditions de travail des gardiens, souvent peu formés et sous-payés. CCA, cherchant à réaliser un maximum de bénéfices, n'hésite également pas à faire des économies sur les soins médicaux ou sur la nourriture des détenus.
L'industrie de la prison
Les prisons privées sont gérées par trois entreprises : Corrections Corp. of America, le premier acteur du secteur, GEO Group Inc. et Management and Training Corp. Le secteur des prisons privées ne connaît pas la crise : CCA a ainsi vu son chiffre d'affaires augmenter de plus de 500% depuis sa création en 1983.
En 2012, le prix Nobel d'économie Paul Krugman dénonce l'influence des lobbyistes des prisons privées sur les politiques carcérales. Les entreprises de prisons privées favorisent ainsi l'adoption par le Congrès de lois contribuant à augmenter la population carcérale : la loi sur la seconde récidive (Three-strike laws), permettant une condamnation à perpétuité dès la troisième infraction, la loi sur les peines incompressibles (Truth-in-sentencing laws), ainsi que la très controversée loi anti-immigration en Arizona, permettant à la police d'arrêter quiconque ne pouvant pas prouver qu'il est entré légalement aux Etats-Unis. Les contrats des prisons privées avec l'Etat fédéral comprennent de plus une « clause d'occupation », affirmant que les autorités locales doivent garantir un taux de remplissage des prisons privées entre 80% et 100% pendant 20 ans, indépendamment de l'évolution du taux de criminalité.
L’annonce du département de la Justice pourrait représenter un coup dur pour ces entreprises : CCA et GEO ont ainsi vu le cours de leurs actions baisser de plus de 35%.
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