À l'appel national du syndicat FO, jeudi 29 septembre, les surveillants du centre pénitentiaire de Réau manifestaient devant l'établissement, en solidarité avec leur collègue agressé par un détenu radicalisé, dans l'unité de prévention de la prison d'Osny (Val-d'Oise).
Ces derniers, au bout du rouleau, dénoncent un manque d'effectifs et une surpopulation carcérale.
« Deux grosses mutineries coup sur coup et derrière, il n’y a pas grand-chose de mis en place pour les agents ». C’est le constat que font les surveillants de la prison de Réau.
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Appelés à manifester, jeudi matin, ces derniers lancent un nouveau SOS au gouvernement. Ils sont entre 230 et 250 mâtons, selon les arrêts maladies, pour 620 détenus. Pas les plus mal lotis de l’Île-de-France. Mais quand même. « Nous avons beaucoup de profils DPS (Détenu Particulièrement Signalé), pointe Yohann Verschelle (FO). La revalorisation des effectifs reste un combat que nous menons depuis l’ouverture de la prison, en 2011. Les bâtiments ont été sous-évalués en terme de personnels. Le travail est fait mais il est mal fait puisque réalisé dans l’urgence.»
« Ce sont des Mac Gyver »
Au milieu des banderoles et des cageots, une cinquantaine de manifestants, selon le syndicat. Un regroupement d’une quarantaine de personnes au moment de la relève, d’après la police. Tous ont pris sur leur jour de congé ou sur leur heure de repos pour exprimer leur inquiétude. Parmi eux, le gardien pris en otage le 30 avril dernier. Un souvenir qui marque, forcément. « Ils étaient trois. Je venais les chercher pour sortir en activité et ils m’ont braqué avec une arme qu’ils avaient fabriquée. Ce sont des Mac Gyver ! », raconte-t-il.
Et de poursuivre : « Les agressions ? Ça s’est un peu calmé ces temps-ci mais nous avons subi de gros préjudices en l’espace de 5 ans. Deux prises d’otages et une tentative d’évasion à l’explosif, c’est impressionnant ».
« Nous sommes en conditionnelle »
Menottés à leur métier par une vocation dévorante, ces surveillants de prison semblent aujourd’hui en grande souffrance. « Nous sommes très fatigués physiquement et psychologiquement, s’alarme une gardienne. On est en conditionnelle. On est enfermés avec les prisonniers, à enchaîner les heures sup’ que notre direction nous impose. » La jeune femme évoque des liens familiaux impossibles à préserver, les anniversaires manqués, les lointains souvenirs des dernières vacances. Un choix professionnel difficile mais passionnant, selon elle.
« J’ai appris à aimer ce métier, explique la surveillante. Je suis à la fois psy, pompier, infirmière, policière, assistante sociale. C’est très intéressant. » Il n’empêche. La profession compte aujourd’hui beaucoup de démissions. Les jeunes, particulièrement, ne tiendraient pas le coup. « Les stages de mise en situation ne reflètent pas notre quotidien, analyse Yohann Verschelle. Les jeunes recrues sont victimes du choc carcéral. » Et un maton de rappeler, amer : « Derrière l’uniforme, il y a un humain. Et ça, il ne faut pas l’oublier ! »
Contactée, nous ne sommes pas parvenus à joindre la direction de l’établissement.
La République
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