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jeudi 9 février 2017

Centre de détention de Val-de-Reuil : la vidéo qui passe mal...

Deux vidéos tournées par un détenu du centre de détention de Val-de-Reuil sont en ligne depuis plusieurs semaines sur internet.

L’auteur donne l’impression d’y passer du bon temps avec ses codétenus. Des vidéos qui ne sont pas du goût d’un syndicaliste pénitencier.

«On se fout de nous. Déjà les portables sont interdits en prison, avec ces vidéos diffusées sur internet ils nous montrent qu’ils s’en foutent. Ils pourraient se contenter d’appeler leur famille discrètement, mais non ils se vantent d’être dans des prisons trois étoiles ».


Depuis plusieurs jours maintenant, Nicolas Bihan, délégué interrégional et secrétaire local du Syndicat pénitentiaire des surveillant-e-s brigadiers (SPS) au centre de détention des Vignettes situé à Val-de-Reuil, réagit à la mise en ligne début janvier, sur la plateforme de vidéos Youtube, de deux vidéos tournées par un détenu au centre de détention.

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Intitulées « En direct de la prison ! La prison ses facile on est mieu que chez vous (sic) » et « En direct de la prison de Val de Reuil ! des détenus vous montre la vrais vie en prison (sic) », elles ont à l’origine été diffusées sur le compte Périscope d’un détenu. On le voit, qui dit être originaire de Sarcelles, filmer ses codétenus, discuter, plaisanter, présenter la vie en prison et répondre à des internautes l’interrogeant.

Le centre de détention des Vignettes est un centre ouvert, ce qui signifie que dans certains bâtiments, les portes des cellules individuelles sont ouvertes. Le « guide » passe donc de l’une à l’autre par des coursives. Se filmant souvent, il lance à la cantonade, la réelle et la numérique, des phrases définitives.

« C’est ça la prison ! Bah ouais c’est cool la prison t’as vu !.... C’est tout pourri la prison, y a rien du tout, on mange quand on veut, on fait ce qu’on veut ! Voila ! ». Une phrase surtout a fait réagir le délégué syndical : « La prison s’amuse, la croisière s’amuse ».

L’inaction de l’administration pointée du doigt

Ce qui révolte Nicolas Bihan dans la multiplication des diffusions de vidéos sur internet ces dernières années, c’est que « les gens pensent que c’est la faute des surveillants s’il y a autant de téléphones à rentrer, qu’on est corrompus, on a des brebis galeuses c’est évident comme dans toutes les professions ». Dans le même temps, il estime que cela permet au public de voir à quoi ressemble l’intérieur des prisons, de casser le mythe de la prison digne d’un bagne du XIXe siècle.

« Les portables c’est monnaie courante dans les prisons, ils rentrent par les parachutages comme on appelle ça, ou missiles aussi (jets depuis l’extérieur par des copains ou la famille) ». « Il y a dix-quinze ans quand on trouvait un portable, il y avait une sanction, aujourd’hui, il faut qu’on en trouve trois chez un détenu pour qu’il ait un rapport d’incident, et au pire il aura quoi ? Un passage au quartier disciplinaire avec sursis.

Le détenu sait qu’il n’aura rien, il y a un sentiment d’impunité » déplore plus largement le syndicaliste, qui pointe la responsabilité de la direction de l’établissement (un nouveau directeur a pris ses fonctions aux Vignettes lundi, mais la position de ne pas s’exprimer sur le sujet n’a pas changé, N.D.L.R.) et au-delà de l’administration pénitentiaire, balayant au passage les arguments de coût.

« Déjà si on pouvait appliquer ce qui doit être appliqué », conclut celui qui réclame une fouille générale de l’établissement depuis des années.

Paris Normandie

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