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jeudi 9 février 2017

Riom - Un an après l’ouverture du centre pénitentiaire, administration et syndicats font un point d’étape

Après un an de fonctionnement, la réinsertion active fonctionne-t-elle au centre pénitentiaire de Riom ? C’est la question que nous avons posée aux syndicats, à la direction, et au service qui en a la charge.

Un an après l’ouverture du centre pénitentiaire, administration et syndicats font un point d’étape

le centre pénitentiaire de Riom a été pensé pour la réinsertion active. « Il faut donner un sens à ce que l'on fait, un fil conducteur. La priorité, c'est l'accompagnement des détenus dans la sécurité et le respect de l'ordre public », explique le directeur Pascal Moyon.


Après un an de fonctionnement, est-ce que la réinsertion active fonctionne ? Syndicats, direction et service de réinsertion s'accordent pour dire qu'il est encore trop tôt pour un bilan. Mais pas pour un point d'étape.

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Accueil et évaluation. À son arrivée, le détenu passe 21 jours au quartier accueil et évaluation. Celle-ci se fait avec tous les services, afin de savoir si la personne peut s'investir dans un projet de vie, s'il a engagé une réflexion sur son passage à l'acte, etc.

Respecto. La grande nouveauté du centre pénitentiaire c'est que l'une des deux maisons d'arrêt fonctionne en régime autonome. Un fonctionnement inspiré du modèle espagnol « Respecto ». Les détenus volontaires, après l'accord d'une commission pluridisciplinaire, signent un contrat d'engagement. Le détenu peut aller et venir au sein de son bâtiment le matin et l'après-midi. Il doit faire 25 heures d'activités par semaine, et s'impliquer dans la vie en collectivité (en participant à une commission accueil, à des activités, etc). Il y a une interaction entre la maison d'arrêt classique et le régime « Respecto ». Les détenus peuvent demander via une lettre de motivation le régime autonome et ceux qui y étaient et n'ont pas respecté le contrat repartent en détention classique. « Il y a une meilleure ambiance, c'est beaucoup plus calme. Le climat de travail est plus serein », estime Radia Benhamouda, directrice adjointe en charge du dispositif. « Il y a moins d'agressions et moins d'insultes », confirme Alain Bernard, du syndicat Ufap.

« Les détenus s'impliquent. L'un d'entre eux a proposé un atelier guitare, un autre aide ses codétenus à rédiger des courriers. Les agents aussi sont impliqués. Un tournoi de jeux vidéo a été organisé ». Pour Radia Benhamouda, ce dispositif est « un très bel outil pour l'insertion, la réinsertion et la prévention de la récidive. Il a déjà permis de « faire changer des détenus de comportement. Aller en régime autonome, c'est assumer les mêmes responsabilités qu'à l'extérieur, et ça se mérite ». Mais pour Alain Bernard, « il y a un manque d'activités et il n'y a pas d'équipe dédiée ». Pour Bruno Lucchini (CGT), « c'est une expérimentation intéressante. S'il y a besoin de moins d'agents, ceux-ci sont plus sollicités ». Nicolas Machette (FO) déplore le manque de personnels, une vingtaine sur l'établissement, ce qui « ne permet pas de suivre les détenus ».

Les unités de vie familiale. L'une des missions du service pénitentiaire d'insertion et de probation (Spip) est de maintenir les liens familiaux. Les salons familiaux et les unités de vie familiale (UVF) sont des nouveautés qui permettent aux détenus de retrouver leur famille dans un contexte autre que les parloirs. « Un père peut, grâce aux UVF, retisser des liens avec ses enfants, se repositionner en tant que père, explique Nathalie Grand, directrice du Spip 63 et 15. Ils peuvent jouer ensemble, les accompagner dans les devoirs, et même préparer des repas. »

Le quartier de semi-liberté. Avant, les horaires du quartier de semi-liberté, étaient plus restreints. « Maintenant, la flexibilité des horaires d'entrée et de sortie est plus importante. C'est plus simple. La seule difficulté était pour aller dans le centre-ville. Mais les horaires de bus ont évolué et sont maintenant plus adaptés et l'association d'insertion Plateforme Mobilité a mis à disposition des vélos », explique Nathalie Grand.

Un quartier sortant. « Dans la maison d'arrêt, nous préparons un quartier de préparation à la sortie de 41 places », annonce Pascal Moyon. « Nous avons mis en place une réflexion sur le processus sortant, ajoute Radia Benhamouda. Avec le recul d'un an, nous avons déjà une idée des profils qui pourront passer par ce quartier ».

Des partenariats renouvelés avec les associations

L'ouverture du centre pénitentiaire (*) a « resensibilisé les différents partenaires », estime Nathalie Grand, directrice du Service pénitentiaire d'insertion et de probation.

 illustation incarceration prison barreaux le 17 octobre 23016 photo francis campagnoni

Un nouvel élan pour les partenariats : une convention a notamment été signée avec le Conseil départemental pour la protection maternelle et infantile. « Avant, les femmes enceintes étaient incarcérées à Lyon. Maintenant, elles peuvent être accueillies avec leurs bébés. Il y a des cellules nurserie », explique Nathalie Grand. Les partenariats existants ont été intensifiés comme avec les Missions locales, le Planning familial, Avenir, le Centre d'information sur les droits des femmes… Les associations culturelles ne sont pas en reste avec la Coopérative de mai, Sauve qui peut le court métrage, des plasticiens… « Grâce à l'ouverture du centre pénitentiaire, nous avons développé et intensifié le partenariat local », souligne Nathalie Grand. « Nous avons recruté une contractuelle qui est coordinatrice des activités, ajoute Pascal Moyon, directeur de l'établissement. Un poste nécessaire ».

(*) Depuis la fermeture des prisons de Riom et de Clermont, les 433 détenus puydômois sont incarcérés au nouveau centre pénitentiaire.

La Montagne

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