Le ministère de la justice a ouvert une enquête dans une prison privatisée du nord de l’Angleterre dont la gestion a été confiée à la société française Sodexo.
Surveillants débordés, drogue omniprésente, failles de sécurité. Le chaos qui prédomine b dans l’un des plus grands centres pénitentiaires du Royaume-Uni révélé par un exceptionnel reportage de la BBC, diffusé lundi 13 février, a conduit le ministère britannique de la justice à ouvrir une enquête sur ces « accusations extrêmement sérieuses ».
Il ravive un débat politique récurrent sur la surpopulation carcérale et la récidive, alors que les accès de violence se multiplient dans les prisons et que le gouvernement de Theresa May prépare une réforme de la politique pénale, annoncée comme « la plus importante depuis une génération ».
Armé d’une caméra cachée, Joe Fenton, reporter au magazine Panorama, a observé deux mois durant la confusion régnant derrière les murs de la prison d’Acklington, dans le Northumberland (nord de l’Angleterre), où sont détenus 1 348 hommes, parmi lesquels un grand nombre de délinquants sexuels. A la fin de 2013, ce centre pénitentiaire a été entièrement privatisé et sa gestion a été confiée pour quinze ans à la société française Sodexo pour en faire une prison modèle.
Plusieurs gardiens ont confié qu’ils avaient « perdu le contrôle » des lieux et qu’ils ne se sentaient pas en mesure d’affronter les détenus
Le reporter, qui s’était fait embaucher comme gardien, « n’a pas tardé à prendre conscience de ce que les détenus menaient en réalité la prison ».
Parmi les images – floutées – les plus terribles qu’il a rapportées, celles d’un détenu sous l’emprise du « spice », un substitut bon marché au cannabis, les yeux vides et les bras secoués de spasmes.
« Pour lui, on a appelé l’infirmière. Mais ce n’est pas toujours le cas. Cela arrive trop souvent », commente le journaliste. Une autre séquence montre un surveillant étendu à terre et pris de convulsions pour avoir inhalé accidentellement du « spice », tant le nuage de fumée est prégnant.
Outre des quantités de drogue, des cagoules et des pinces coupantes ont été trouvées dans des cellules pendant le séjour de Joe Fenton à Acklington.
Le journaliste évoque les conditions de travail harassantes pendant ses dix heures quotidiennes de service. Chargé dès son arrivée de conduire les déplacements de 70 détenus, il témoigne : « Je ne savais pas vraiment où j’allais et je ne faisais que suivre les détenus. En fait, j’avais l’impression que c’étaient eux qui me conduisaient. »...
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