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vendredi 17 février 2017

Le centre de détention d'Eysses expérimente le "module respect"

Au milieu de la coursive, entre deux rangées de lourdes portes rouge carmin, des canapés, une table basse. De l’autre côté, une table à manger drapée d’une nappe et six chaises design. L’endroit a tout d’un salon cosy ou d’un lieu de vie sympa.

Le centre de détention d'Eysses comme 6 établissement pénitentiaires en France expérimente un régime carcéral plus souple./ Photo DDM, J.Sch.

L’omniprésence des surveillants de l’administration pénitentiaire, les lourdes portes fermantes les cellules et les filets tendus entre le 2e et le 1er étage et entre le 1er étage et le rez-de-chaussée
, pour prévenir les chutes accidentelles ou volontaires, rappelle quand même assez vite que le bâtiment n’est pas un centre de vacances mais l’une des quatre unités accueillant les 227 prisonniers actuellement enfermés au centre de détention d’Eysses. Un centre qui, une fois les travaux de rénovation achevés peut accueillir 293 détenus en cellule individuelle et qui purgent des peines longues, de deux ans de détention jusqu’à la réclusion criminelle à perpétuité.

400 000 € de travaux

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Dans le bâtiment D datant du XVIIIe siècle, entièrement rénové en 2016 en même temps que la cuisine du centre de détention pour un budget global de 400 000 euros.

Et en même temps que ce « bâtiment D » était entièrement revu, son mode de fonctionnement a aussi complètement changé pour rouvrir en novembre dernier : « Ici, comme dans 6 établissements en France, on expérimente et on évalue ce qu’on appelle le « module respect », selon un mode de fonctionnement venu importé d’Espagne et nommé « respecto »», explique la directrice d’établissement, Valérie Stempfer.

Le fait d’avoir la clé de sa cellule, n’est pas vraiment innovant à Eysses puisque les détenus des trois autres bâtiments, ABC et C, construit dans les années 1970 hors de l’enceinte de la prison historique, elle-même ancienne abbaye, bénéficient du même régime. « Mais pour être admis ici, en « module respect », il faut être volontaire et passer devant une commission », détaille encore Valérie Stempfer.

Volontaires également, les surveillants qui sont affectés au bâtiment.

« Les détenus jouissent de davantage de liberté qu’ailleurs : les portes restent ouvertes sur les cours de promenade, ils peuvent aller et venir à leur guise, peuvent prendre leur repas en commun à table, quand les autres détenus mangent à heure fixe avec un plateau-repas servi dans leur cellule refermée pour l’occasion. »

«On retrouve le calme »

La condition de ce régime carcéral plus souple, c’est une série d’obligations, sous forme d’un contrat passé avec l’administration : « Les cellules doivent être rangées et impeccable, le comportement irréprochable, ils doivent se lever à 8 heures et s’engagent à effecteur au moins 25 heures d’activités par semaine, que ce soit travail à l’atelier, sport, activité socioculturelle. En cas de découverte de téléphone portable ou de produits stupéfiants, ou en cas de comportement violent, c’est l’exclusion du bâtiment et retour aux conditions d’incarcération classique ».

Les détenus, eux, apprécient ce « respect » : « Quand vous vivez à l’extérieur, en HLM par exemple, vous devez supporter les voisins et souvent vous aspirez à plus de calme », explique un homme, probablement quinquagénaire, visage émacié, cheveux et phrasé court et impeccable : « Le centre de détention c’est pareil. En venant ici, on a le calme. Administration et détenus font preuve de respect les uns envers les autres. Et nous, détenus, on peut montrer qui nous sommes réellement. »

À ses côtés, un codétenu, même tranche d’âge, dos cassé, corps rond, vêtements sombres et amples et mains imposantes...

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