L’ancien policier, détenteur d’un casier vierge jusque-là, a été condamné à deux ans de prison ferme pour détention et transport de stupéfiants.
Le 15 mai, il était parti au petit matin d’Espagne, où il réside, pour rejoindre Paris et des amis. Une journée qui allait ressembler à tant d’autres, pensait Saber, habituer à passer ses jours au volant de sa Citroën C5 pour y livrer ses fruits et légumes, travail auquel ce Tunisien de 30 ans s’adonne depuis 2015.
Mais, ce jour-là, la cargaison qu’il transporte n’a rien à voir avec carottes, tomates et autres légumes frais. Sur les coups de 16 h 30, à la suite d’un banal contrôle douanier sur une aire de repos de la commune de Monts, il est interpellé pour détention et transports de résine de cannabis.
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Au total, plus de 4 kg « dispatchés » dans le véhicule sont trouvés. Mais aussi près de 5.000 € en liquide cachés dans la garniture du levier de vitesse, cinq téléphones portables, des cartes bancaires, un passeport colombien – qu’il dit appartenir à un individu qu’il a pris en covoiturage – et de la cocaïne (« [sa] dose personnelle ») qu’il dit consommer de manière « festive ».
Tout l’attirail d’un trafiquant de drogues confirmé. Mais, vendredi, au fil de l’audience en comparution immédiate, le cas de Saber s’avère moins ordinaire. En effet, si, dans le box, le prévenu reconnaît les faits, cet ancien policier des affaires spéciales à Tunis, détenteur d’un casier judiciaire vierge, laisse planer des zones d’ombres sur les faits.
“ Il tente de brouiller les pistes et de vous enfumer ”
Il se dit d’abord floué par Mourad, son fournisseur, qui avait dit lui vendre pour 1,9 kg de cannabis et non 4 kg comme la quantité retrouvée dans sa voiture ; refuse d’indiquer où il allait à Paris – « parce que j’allais chez des amis qui n’ont rien à voir avec tout ça », explique-t-il.
« Soit vous êtes du genre à ne pas balancer, soit vous craignez des représailles », lui lance la présidente qui, à l’ignorance plaidée par le prévenu, l’interroge sur un récent voyage au Maroc avec le fameux Mourad.
Pas de quoi décourager Saber qui reste campé sur ses positions, avançant un besoin urgent d’argent pour payer des dettes et les soins de son père qui doit être opéré prochainement. Analysé, le contenu de son propre téléphone ne fait pas avancer l’enquête.
« Il tente de brouiller les pistes, de vous enfumer, alerte le procureur à l’encontre du parquet tout en soulignant l’incohérence de l’argumentaire du prévenu. Détenir un iPhone 7 et 4.900 € en liquide sur soi, pour quelqu’un qui a des problèmes financiers, c’est bizarre… Et puis, 4 kg de résine de cannabis, on ne les confie pas à n’importe qui. »
Le procureur en est persuadé : « Saber n’est pas un lièvre, comme il veut nous le faire croire, mais un relais réel dans ce trafic international de cannabis. »
« Qu’est-ce qui nous fait dire que l’on a affaire à un trafic international ? Il est seulement dans une impasse financière, rétorque Me Sandra Vilela, représentante de la défense, requérant « la plus grande clémence » au parquet, autrement dit pas de prison ferme et de confiscation du véhicule dont le prévenu se sert pour travailler.
« Ce sont des arguments que l’on entend souvent », soupire le représentant des douanes, demandant, de son côté, le versement d’une amende de 17.712 €, soit le montant de l’ensemble des effets trouvés dans la voiture, ainsi que l’immobilisation du véhicule. Une peine confortée par le procureur qui réclame, en plus, une peine de 15 mois d’emprisonnement avec mandat de dépôt.
En ordonnant deux mois de prison ferme et son maintien en détention, le tribunal correctionnel de Tours est même allé plus loin. Tous les biens trouvés dans la voiture sont confisqués et l’amende de 17.712 € est confirmée.
Le résultat d’un ras-le-bol de la justice qui a trop souvent affaire aux nombreux trafiquants de drogues qui empruntent les routes d’Indre-et-Loire. Avant de repartir pour la maison d’arrêt de Tours, Saber accuse le coup : « Je n’ai jamais eu de souci avec la justice. Je ne suis pas un criminel. Je reconnais mon erreur mais ce n’était qu’une erreur… » Une erreur qui coûte cher.
La Nouvelle République
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