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vendredi 4 mai 2018

Quand la prison de Villepinte sert de décor de film

Benoît Jacquot a tourné la séquence carcérale d’Eva à la maison d’arrêt de Villepinte. 

Quand la prison de Villepinte sert de décor de film

Des surveillants ont joué leur propre rôle face à Isabelle Huppert. L’an passé, 17 tournages ont eu lieu dans des prisons de France.



Son sas d’entrée, où il faut montrer patte blanche, ses grilles, ses miradors… Reconnaissable entre mille, c’est bien à la maison d’arrêt de Seine-Saint-Denis, à Villepinte, que la séquence carcérale d’Eva a été tournée.

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Bien que surpeuplées, les prisons françaises servent aussi de décors pour des tournages de film, de courts-métrages ou de séries. L’an passé, pas moins de 17 tournages ont eu lieu (lire ci-dessous), dont Eva, le film de Benoît Jacquot, toujours à l’affiche, avec Isabelle Huppert, Gaspard Ulliel et Richard Berry.

« On nous a proposé plusieurs prisons. Les jours où les parloirs sont fermés. On a vu plusieurs établissements et celui de Villepinte a plu à Benoît Jacquot. Ça correspondait à des choix de mise en scène », résume François-Xavier Bazin, régisseur général du film.

Il garde un bon souvenir de l’accueil réservé à son équipe. Même si faire passer une équipe de cinéma derrière les barreaux, avec tout le matériel de tournage, nécessite une préparation pointilleuse. « Il ne faut rien oublier, lister tout le matériel, les véhicules, on n’a pas le droit aux téléphones. Il y a beaucoup de contraintes », ajoute-t-il.

Face à Isabelle Huppert

Le tournage a eu lieu entre janvier et mars 2017. Et des surveillants de la maison d’arrêt ont joué leur propre rôle. « La directrice de la maison d’arrêt nous a convoqués un soir, pour rencontrer l’équipe de casting du film », se souvient Max*, figurant dans le film, et rémunéré comme tel par la production.

« Ils cherchaient des figurants et ce jour-là il y avait pas mal d’absents. J’étais ancien, on m’a proposé, ça change les habitudes », résume ce trentenaire qui travaille derrière les murs depuis dix ans.

Du coup, il fait un essai, filmé avec un téléphone et… Banco ! Quelques mois plus tard il se trouvait en présence d’Isabelle Huppert/Eva, venue au parloir pour rendre visite à son mari, joué par Marc Barbé.

« Son pedigree d’actrice est impressionnant, mais je ne suis pas quelqu’un qui perd ses moyens, souffle Max. Elle paraissait froide mais en fait, elle est très sympathique et elle a su détendre tout le monde. » Il se souvient encore de ces quelques mots qu’elle lui a adressés après la prise pour lui dire que « la scène était très bien ».

*Son prénom a été modifié.

Engrenages, Braco, Eperdument... tournages mode d’emploi

17 tournages ont eu lieu en 2017 dans des prisons de France, quatre longs métrages et douze pour des séries, dont une série chinoise. Une petite année, selon l’administration pénitentiaire. La fermeture de la prison de la Santé, en 2014, a donné lieu à des tournages plus longs, notamment pour la série «Braquo », ou «Eperdument». La fiction de Pierre Godeau était inspirée de la relation amoureuse entre un directeur de prison et une détenue incarcérée après avoir servi d’appât au gang des barbares.

Moins de 100 000 € par an. Les tournages en prison sont encadrés par un décret datant de 2009. Les bâtiments d’Etat se louent comme tout autre propriété, selon une grille tarifaire préétablie. Ainsi, une demi-journée de tournage en prison coûte entre 2000 € et 3500 € selon le lieu, pour un tournage de cinéma ou de publicité, et un peu moins cher pour une fiction qui a vocation à être diffusée à la télé.

Le tarif est de 250 € pour un court-métrage. Il n’y a pas de quoi gonfler le budget de l’administration pénitentiaire puisque selon les années, ces tournages représentent un gain de 60 000 € à 100 000 €, selon l’administration pénitentiaire.

Côté image, en revanche, c’est du bonus. « Cela permet des rencontres entre des professionnels qui ont des a priori, ça peut faire tomber des représentations caricaturales sur la prison », estime Colombe Babinet, en charge de la production audiovisuelle à l’administration pénitentiaire.

Liberté de création. L’administration pénitentiaire peut intervenir sur du conseil technique —rappeler par exemple que le personnel n’est pas armé— mais ce n’est que du conseil. Pas de véto sur les scenari. De mémoire pénitentiaire, un seul film aurait été refusé : «Tango Libre », de Frédéric Fonteyne. François Damiens incarnait un surveillant passionné de tango...

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