Bientôt libérable, Djamel Beghal, mentor présumé des auteurs des attentats de janvier 2015, doit être expulsé vers l’Algérie. Mais son pays d’origine s’opposerait à ce retour.
Plusieurs islamistes radicaux devraient sortir prochainement des prisons françaises après avoir purgé leur peine. Beaucoup d’anonymes parmi eux. Mais aussi un poids lourd de l’histoire du djihadisme en France : Djamel Beghal, 52 ans.
Condamné à dix ans de prison pour sa participation à un projet d’évasion de Smaïn Ait Ali Belkacem, l’un des organisateurs des attentats de Paris en 1995, Beghal peut sortir en liberté conditionnelle depuis le 5 mars, après une décision de la cour d’appel de Rennes. Il doit en tout cas être libérable au plus tard le 5 août 2018.
Déchu de sa nationalité française, il doit être expulsé vers l’Algérie, selon la condition expresse liée à sa libération.
Lui-même a dernièrement accepté cette éventualité de regagner son pays natal. Mais, selon Le Figaro , qui rapporte les propos d’un ministre algérien de passage à Paris, « l’Algérie ne veut pas récupérer Djamel Beghal lorsqu’il sortira de prison ». Sans l’accord d’Alger, précise le quotidien, Beghal pourrait se retrouver assigné à résidence dans le centre de la France.
« Une star en prison »
Le sujet, lié à la personnalité et au parcours de ce vétéran du djihad, est sensible. En prison, il « est une sorte de star », décrivait en 2016 le sociologue Farhad Khosrokhavar, « partout où il est passé, il a laissé une trace ». Il faut dire qu’il a côtoyé voire formé plusieurs générations de djihadistes de l’Hexagone. Djamel Beghal a d’abord vécu à Corbeil-Essonnes, en région parisienne, portant des convictions proches de celles du Groupe islamique armé (GIA) en Algérie. Il est ensuite parti à Londres, fréquentant la mosquée de Finsbury Park, au cœur du « Londonistan » et de l’islam radical. En 2000, il s’envole pour le Pakistan, puis rejoint les camps d’entraînement d’Al-Qaida, et côtoie Ben Laden, et se forme à la fabrication d’explosifs. Il sera interpellé à Abu Dhabi alors qu’il tente de rejoindre l’Europe, vraisemblablement pour commettre un attentat. Peu après le 11-Septembre 2011, il est extradé vers la France et condamné à dix ans de réclusion pour « association de malfaiteurs terroristes ».
C’est en prison, à Fleury-Mérogis, que Beghal exerce un prosélytisme. Ses jeunes adeptes ? Ils ont pour nom Chérif Kouachi, condamné pour la filière des Buttes-Chaumont, ou Amedy Coulibaly, pour des faits de droit commun. Libéré en 2009, Beghal est assigné à résidence dans le Cantal. Kouachi, qui avec son frère, perpétrera l’attentat à Charlie Hebdo, et Coulibaly, celui de l’Hyper Cacher, sont restés proches de leur mentor auquel ils rendent visite.
En 2013, Beghal est à nouveau condamné pour la tentative d’évasion de Belkacem. En janvier 2015, après les attentats, la justice ne parviendra pas à établir de lien formel, ni récent, entre Beghal et les auteurs. Mais il est mis à l’isolement à Rennes-Vézin, où il achève actuellement sa peine.
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