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samedi 23 juin 2018

La Pierre-Levée, prison passoire

Poitiers. Le détenu qui s’est évadé mercredi de la Pierre-Levée a été condamné à un mois de détention. Le procureur s’est agacé des évasions à répétition.


Deux évasions en dix jours, ça fait tousser ! Et certains esprits taquins et néanmoins agacés se sont déjà empressés de rebaptiser le quartier pour peine aménagée de la Pierre-Levée en… quartier passoire aménagée !



Depuis bientôt six ans, l’ancien mur d’enceinte de six mètres de haut a été partiellement rabaissé pour coller avec la nouvelle vocation du lieu. Adieu la vieille prison de centre-ville…

Deux détenus suivent le même chemin pour s’évader

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En novembre 2012, la Pierre-Levée inaugurait des locaux remis à neuf où des détenus en fin de peine, soigneusement sélectionnés, pouvaient venir travailler leur réinsertion ou purger une semi-liberté, dehors le jour, dedans la nuit.

Pour Houssine, c’était dehors tout court. Mercredi, le jeune homme d’une vingtaine d’années revient de l’extérieur. Il effectuait des démarches administratives pour préparer sa réinsertion en vue de sa levée d’écrou dans quelques mois.

Un surveillant trouve un peu de shit sur lui. Le rapport qu’il s’apprête à rédiger signifie le retour prochain en détention à Vivonne. Houssine ne supporte pas cette perspective après avoir goûté à la semi-liberté depuis un mois.

Il fait le mur. Il y a dix jours, en pleine nuit, un détenu avait noué des draps et, une fois dans la cour, il avait escaladé la haute grille qui permet de se retrouver près du faîte du mur d’enceinte de six mètres. Houssine a suivi la même voie.

Il a emprunté la porte ouverte en permanence donnant dans la grande cour, “ avalé ” le grillage, sauté… et claudiqué jusqu’aux Trois Cités avec sa cheville et son genou en vrac. Après deux heures de liberté et un copieux arrosage, il était interpellé par les policiers en état d’ivresse.

Hier, c’était l’heure du jugement. Et le procureur Patrick Mairé s’est surtout énervé contre… l’Administration pénitentiaire.

« Ce n’est pas le procès de l’Administration pénitentiaire mais j’aimerais qu’elle mette autant de zèle à surveiller les détenus qu’elle en met à contrôler les magistrats quand ils viennent au centre pénitentiaire de Vivonne où il faut enlever ceinture et chaussures et où l’on demande aux femmes magistrats d’enlever leurs bottes ! La Pierre-Levée, ce n’est plus un quartier pour peines aménagées mais un quartier de passoire aménagée ! »

Le procureur requiert trois mois de détention contre Houssine qui va aussi voir ses crédits de remise de peine sucrés une fois revenu à Vivonne entre quatre murs.

Lui qui pensait sortir avant la fin de sa détention en décembre, il va devoir attendre encore, même si le tribunal a ramené « sa bêtise » à un mois de détention.

La Nouvelle République




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