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jeudi 23 août 2018

A la prison de Metz, "tout le monde a un téléphone portable"

Alors que le nombre de téléphones portables saisis en prison est en constante augmentation chaque année, certains bravent l'interdit pour avoir des nouvelles de leurs proches. Témoignages.

A la prison de Metz, "tout le monde a un téléphone portable"

Une saisie record. Pas moins de 40.000 téléphones portables mais aussi des cartes SIM et des chargeurs ont été confisqués aux détenus français l'année dernière par l'administration pénitentiaire.



Le chiffre est en constante augmentation, alors que l'utilisation du portable en prison est en théorie interdite. Malgré tout, certains bravent l'interdit et utilisent le téléphone portable.

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Samantha, 28 ans, assume le risque

C'est le cas de Samantha et de son compagnon, incarcéré au centre de détention de Metz-Queuleu. Après une mois derrière les barreaux, il a commencé à l'appeler depuis un mobile. "La première fois j'ai paniqué, reconnait la jeune femme de 28 ans. Je me suis dit qu'on allait se faire avoir, mais dans le même temps ça m'a fait tellement de bien".

Au départ ils s'appelaient une fois tous les trois jours mais très rapidement, le rythme des coups de fil s'accéléraient. "C'est devenu important, parce que ça nous permet de ne pas attendre les visites au parloir. On se raconte ce qu'on a fait dans la journée, les petites choses simples du quotidien". Une prise de risque que le couple assume totalement : "C'est tellement compliqué d'être loin des gens qu'on aime. Cela nous permet de continuer à avoir une relation, malgré la prison. Le petit 'je t'aime' ou le message de 'bonne nuit', ce sont des choses qui font du bien".

Pour Samantha, il ne faut pas s'étonner du nombre de téléphones portables présents dans la prison. "Toutes les cellules en ont un, ce ne sont pas non plus des smartphones, ils ne vont pas sur internet ou sur les réseaux sociaux, mais ça nous permet de maintenir une relation avec eux".

Brouillage des portables et installation de fixes

A la prison de Montmédy, on teste depuis deux ans l'installation d'un téléphone fixe par cellule. Mais à 80 centimes d'euros la minute, le coût est trop élevé pour l'avocate messine Dominique Boh-Petit. "Pour avoir accès au téléphone, il faut avoir accès au crédit et certains de mes clients qui ont des enfants dépensent jusqu'à 100 euros par mois pour appeler leur famille. D'autres justement préfèrent utiliser le portable". Dans l'établissement depuis juillet 2016, le nombre d'appels passés par les détenus grâce au fixe a été multiplié par 4 alors que la quantité de portables trouvés a diminué.

Un appel d'offre pour une concession de 10 ans a été lancé et l'administration pénitentiaire prévoit de déployer l'installation des premiers téléphones fixes d'ici la fin de l'année. Pour lutter contre les portables, elle prévoit également d'augmenter le nombre de brouilleurs des réseaux mobiles d'ici quatre ans.

Si un détenu se fait arrêter en possession d’un portable, il peut faire l’objet de sanctions disciplinaires dans la maison d’arrêt (comme la fin des visites). Il risque également des poursuites pénales devant le Tribunal Correctionnel.

France Bleu



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