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mardi 7 août 2018

Surpopulation carcérale : Belloubet attendue au tournant

Alors que le projet de réforme de la justice, examiné à l'automne par le Parlement, prétend les vider, les prisons n'ont jamais été aussi surpeuplées. 

Surpopulation carcérale : Belloubet attendue au tournant

Le plan de construction qui doit être présenté à la rentrée n'apportera qu'une réponse partielle.



Le défi posé à Nicole Belloubet, la Garde des Sceaux, pour désamorcer cette poudrière en puissance que représente en cet été torride la suroccupation des prisons, devient des plus périlleux. Depuis janvier, pas un mois ou presque ne s'est écoulé sans que ne soit établi un nouveau record de surpopulation carcérale.

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Fin juillet, la direction de l'administration pénitentiaire  dénombrait 70.710 « personnes détenues incarcérées » pour 59.704 places, soit un taux d'occupation de 118 %. Une tendance que la ministre veut inverser à travers, notamment, le projet de réforme de la justice qu'elle doit défendre en octobre devant le Parlement.

Mais la partie est loin d'être gagnée. L'engagement de campagne d'Emmanuel Macron consistant à lancer la construction de 15.000 places de prisons d'ici à la fin de son mandat a du plomb dans l'aile. Cet objectif, qui correspond au taux d'encellulement individuel de 80 % promis par le candidat d'En Marche ! a été étalé sur deux quinquennats.

Point d'étape en 2021

Le plan de construction qui sera présenté à la rentrée par la ministre s'en tiendra à 7.000 places livrées en 2022, les 8.000 autres devant être simplement programmées d'ici là. Et encore, rien n'est sûr. « On verra en 2021, en fonction du point d'étape qui sera fait sur les autres mesures du projet de loi, s'il faut augmenter le nombre de places et dans quelles proportions », indique-t-on au ministère de la Justice.

Le lancement de nouveaux établissements pénitentiaires mobilisera cette année 299,7 millions d'euros, conformément à la programmation arrêtée sous le précédent quinquennat. Un montant que l'on juge suffisant au ministère de la Justice, en balayant les critiques. « L'idée est de développer des solutions immobilières qui correspondent à tous les types de besoins du point de vue de la sécurité. », y indique-t-on.

La population carcérale compte 8 % de criminels. Un chiffre qui ne justifie pas d'installer des miradors partout, mais seulement là où ils le méritent. Ici pour garantir un emprisonnement parfaitement « étanche » des détenus terroristes, là pour couper court à toute tentative d'évasion, comme celle, le mois dernier, de Redoine Faïd, de l'établissement de Réau (Seine-et-Marne).

Les peines courtes hors les murs

Outre qu'ils ont un coût, ce type d'aménagements lourds et leur environnement carcéral compromettent plus qu'ils ne facilitent la réinsertion des « peines courtes » qui encombrent les établissements. Quelque 90.000 peines d'emprisonnement ferme d'un jour à 6 mois sont prononcées chaque année pour lesquelles le projet de loi doit changer la donne.

Les portes des prisons seront fermées aux personnes condamnées à moins d'un mois (10.000 peines) et la grande majorité (60 %) des 80.000 autres pourront purger leur peine hors les murs, soit totalement (bracelet électronique, placement extérieur) soit partiellement (semi-liberté). Une réécriture de « l'échelle pénale » à laquelle l'immobilier pénitentiaire va devoir s'adapter.

Les Echos

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