La faible attractivité du métier de surveillant pénitentiaire en chiffres ? La semaine dernière, moins de 20 % des inscrits se sont présentés au concours.
L’image renvoyée est « douloureuse » pour les agents.
Ils n’ont pas attendu ces quelques données pour savoir combien leur métier souffre. Ils vivent tous les jours les violences, les agressions. 4 000 l’an dernier. Derrière les hauts murs, les surveillants de prison savent que « c’est difficile ». Et cela n’échappe plus à personne.
La semaine dernière, les concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration pénitentiaire ont rassemblé moins de 20 % des inscrits sur le plan national. En Alsace, ils n’étaient que 12,90 %; en Champagne-Ardenne, 17,12 %. La Lorraine a fait un peu mieux avec 20,06 %. C’est « dix points de moins que les précédentes cessions », indique l’administration centrale (lire par ailleurs).
Les chiffres révèlent la réalité du métier. De son manque d’attractivité, du désintérêt de la jeunesse. Et elle fait mal aux surveillants. « C’est une terrible preuve de ce que nous sommes », réagit un agent de Toul. « Cela nous renvoie à notre condition. J’ai d’abord cru à une blague… Lorsque j’ai passé le concours, j’attendais les résultats avec angoisse. Nous étions 5 000 ou 6 000 pour 500 places. Il y avait une enquête de moralité, un bilan psychologique. Si nous n’étions pas jugés aptes, nous n’étions pas pris. C’était sérieux. Faute de candidats, on prend tout le monde aujourd’hui. Des candidats avec 2 de moyenne ont été acceptés… »
La Garde des sceaux promet des milliers de renforts. « Mais elle nous balade », grince une syndicaliste. « Qui veut travailler dans un environnement délétère pour s’occuper de ceux que la société ne veut plus voir ? Qui accepterait de se faire insulter et cracher dessus ? Qui accepterait de travailler dans des endroits qui sentent le cannabis ? »
Dans les coursives lorraines, ces chiffres sont tombés comme un couperet. « On va être seuls, tout seuls dans notre merde », soupire un gradé fatigué. « Les jeunes ne veulent plus de ce métier. Ça signifie qu’on va accepter n’importe qui. On va faire de la quantité, plus de qualité. Avant, on récupérait des anciens militaires, policiers ou gendarmes. Ou des gens qui sortaient de l’usine. Des mecs solides avec l’expérience de la vie, qui avaient la tête sur les épaules. »
« Et ça, c’est dangereux », rebondit le surveillant de Toul. « C’est un danger. On a déjà vu de jeunes collègues jouer à la console de jeux avec des détenus. Il y a un manque de distance incroyable. Alors que notre métier, c’est du relationnel et de l’autorité. »
« Un délabrement organisé ? »
Réduits à être « des ouvreurs de portes », les surveillants avancent toujours les mêmes demandes pour revaloriser ce métier...
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