La justice dira vendredi si Jean-Claude Romand, médecin imposteur, condamné à la perpétuité pour l'assassinat de sa famille en 1993, peut bénéficier d'une libération conditionnelle.
Lors de sa demande de libération, présentée le 20 novembre 2018, le ministère public a demandé le rejet de cette requête. Du côté de la partie civile, Me Laure Moureu, qui représente les deux frères de Florence Romand, l'épouse assassinée, avait considéré l'hypothèse d'une libération "prématurée".
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Mais à la sortie de l'audience, l'avocat de Romand, Jean Louis Abad, s'était dit "encore plus confiant à la sortie (...) qu'à l'arrivée". "J'ai confiance dans la décision que va rendre le tribunal", avait affirmé Me Abad après trois heures de débats à la prison de Saint-Maur, près de Châteauroux (Indre) où Romand est incarcéré. "On a tout examiné dans le détail. Son projet est très bien ficelé et très sérieux", a assuré l'avocat. "Au tribunal de trancher et de prendre la décision la plus juste",avait-il dit.
Romand, s'il est libéré, devrait "éviter la lumière", a affirmé son avocat à l'AFP quelques jours avant l'annonce de la décision. Son conseil a refusé de préciser les projets professionnels et personnels présentés par son client aux juges qui décideront de son avenir. La libération conditionnelle est une mesure d'aménagement de peine visant à la réinsertion et à la prévention de la récidive.
Échec et imposture.
Le parcours du "docteur Romand" est celui d'une histoire hors norme qui a fasciné le public et largement inspiré cinéma et littérature ("L'adversaire" d'Emmanuel Carrère a été adapté au cinéma en 2002 par Nicole Garcia).
Fils unique studieux, Romand rate de peu son passage en troisième année de médecine, dont il dissimule l'échec. Mais pendant des années, il ment à son entourage. Marié et père de deux enfants, il se dit médecin, chercheur au siège de l'OMS à Genève, mais dans les faits, passe ses journées dans sa voiture, dans une cafétéria ou une bibliothèque et fait vivre sa famille en escroquant parents et amis, prétendant placer leurs économies en Suisse. Acculé par plusieurs débiteurs dont certains découvrent son imposture, le faux médecin de 38 ans craque.
Il tue sa femme, ses deux enfants et ses parents.
Le 9 janvier 1993 au matin, il tue avec un rouleau à pâtisserie sa femme Florence, 37 ans, qui dormait dans leur maison à Prévessin-Moëns (Ain). Puis, selon son propre récit, il demande à sa fille Caroline, sept ans, de s'allonger pour qu'il prenne sa température et lui tire dans le dos avec une carabine. De même avec son fils Antoine, cinq ans.
Il va ensuite chez ses parents à Clairvaux-les-Lacs (Jura), à environ 80 km de chez lui, et les tue de plusieurs balles dans le dos. Il repart pour Paris retrouver son ancienne maîtresse, qui lui avait confié une grosse somme d'argent, et la conduit en forêt de Fontainebleau pour un prétendu dîner avec Bernard Kouchner. Vers 23H00, il arrête la voiture, asperge la jeune femme avec une bombe lacrymogène, mais renonce à son projet d'assassinat devant ses hurlements et supplications.
Il revient le lendemain dans la maison familiale où gisent sa femme et ses enfants. Au petit matin du 11 janvier, il ingère des barbituriques et incendie la maison. Quand les pompiers arrivent, ils le trouvent inconscient mais vivant. "Un banal accident et une injustice peuvent provoquer la folie. Pardon" avait-il écrit dans un message retrouvé par les enquêteurs.
France 3
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