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samedi 9 février 2019

A Rome, ce sont les détenus qui réparent les routes: "Cela coupe un peu l'ennui de la prison"

Les Romains ont l’habitude. Se déplacer en voiture dans la capitale italienne se transforme souvent en un véritable parcours du combattant, entre les racines des pins qui déforment l’asphalte et les ornières parfois géantes qui risquent d’engloutir les roues du véhicule. 

A Rome, ce sont les détenus qui réparent les routes: "Cela coupe un peu l'ennui de la prison"

La maire de Rome, Virginia Raggi, en avait fait une de ses promesses électorales mais depuis qu’elle siège au Capitole, la situation reste critique.



Aux grands maux, les grands remèdes, lorsque le Département de l’Administration Pénitentiaire, le DAP, a proposé le service des détenus, ce fut comme un oracle romain qui annonce la victoire.

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Depuis le mois d’octobre, une trentaine de détenus de la prison de Rebibbia, la plus grande prison de Rome, participe donc au projet. Chaque matin, le convoi quitte la prison, le fourgon des détenus, entourés de plusieurs voitures de la police pénitentiaire. Ils s’arrêtent souvent dans les quartiers de la périphérie, là où la situation est la plus critique.

Ce jour-là, nous sommes avec eux sur la Via Aurelia, l’une des plus antiques voies romaines qui faisaient la gloire de l’Empire. « En octobre, on a d’abord suivi des cours, on a étudié comment on fabrique le bitume, les différents asphaltes, et comment s’adapter aux différentes caractéristiques du terrain et tout le reste » explique Marco Dagostino un détenu qui avant son passage en prison était restaurateur, « moi je ne sais pas si cela me servira à la sortie mais au moins cela me permet de sortir de cellule. »

Cela m’aide vraiment mentalement

Fabio Barni a déjà purgé trois ans de sa peine, sans jamais plus apercevoir les rues de Rome. « La ville est en mauvais état » dit-il, « ne dit on pas qu’à Rome tout est un trou ! » Il lui reste 4 ans à passer derrière les barreaux, pour lui le projet est une bouffée d’oxygène. « Oui cela m’aide vraiment mentalement, cela coupe un peu l’ennui de la prison, grâce à cela, quand je travaille, j’oublie parfois que je suis un prisonnier."

Difficile d’oublier quand les gardiens ne les quittent pas des yeux, pour éviter toute tentative d’évasion. "Ce sont des détenus dits de sécurité moyenne, donc aucun ne vient des cellules de haute sécurité, et ce sont surtout ceux qui ont un reste de peine relativement court qui ont été choisis pour le projet. Un projet dont l’originalité est qu’il est structurel, ce n’est pas une expérience de quelques mois, il va durer dans le temps, au point que les Nations Unies, nous ont demandé d’aller le présenter au Mexique », explique Fabrizio Basentini, le chef du DAP.

Des habitants ravis

A Rome, ce sont surtout les habitants qui sont ravis, des routes où on n’avait plus vu un ouvrier communal depuis des années sont à nouveau entretenues, les égouts sont nettoyés, dans certains cas les riverains apportent même du café aux détenus-ouvriers. « Ici la route est sans cesse inondée quand il pleut, ce serait bien que les détenus viennent plus souvent car ici la ville ne fait jamais rien » confirme un passant.

Seule faiblesse du projet, les détenus ne sont pas payés pour travailler car il s’agit d’un projet de prestations d’utilité publique. « Ce serait bien de recevoir un dédommagement », confirme Fabio Barni, « car le travail est difficile, et la vie en prison coûte cher, car souvent les Italiens ne le savent pas, mais nous devons payer tout ce que nous mangeons, et cela coûte trois fois le prix, donc souvent on sort de prison avec une facture que nous ne réussissons pas à payer. »

Le département espère que les juges tiendront compte du projet de réparation des routes et à la sortie, effaceront l’ardoise de ces détenus. En attendant pour la ville c’est tout bénéfice, on estime qu’il faudrait un minimum de 250 millions d’euros par an pour réparer les ornières de la ville éternelle.

RTBF


1 commentaire:

  1. Quand je pense qu'en France les détenus sont logés, nourris et blanchis GRATUITEMENT sans contre partie !!! Ce serait bien de mettre en place ce type de travail d'intérêt général !

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