Jusqu’à 25% des 70 000 détenus présentent des maladies psychiatriques lourdes.
Ils ne devraient pas être en prison, mais soignés en psychiatrie, d’autant que le système de soins pour les détenus présente de graves défaillances, selon des observateurs.
Des chiffres très élevés
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La seule étude française d’évaluation de la prévalence des troubles mentaux chez les détenus date de 2004. La prévalence de la schizophrénie était alors évaluée à 6,2% (contre 0,37% dans la population générale).
Selon plusieurs sources au sein de l’administration pénitentiaire, 10% des détenus devraient être en unités pour malades difficiles (UMD), des services psychiatriques spécialisés et sécurisés, et non en détention.
Pour Adeline Hazan, contrôleure générale des lieux de privation de liberté, 70% des détenus souffrent de troubles psychiatriques, dont des troubles anxio-dépressifs, et parmi eux, entre 20 et 25% présentent des pathologies lourdes dont la psychose, la schizophrénie, « qui ne peuvent que s’aggraver en détention ».
Mme Hazan demande une nouvelle étude nationale pour une meilleure identification des malades.
La prise en charge en ambulatoire
Les soins psychiatriques aux détenus relèvent du ministère de la Santé.
Les détenus sont principalement suivis en ambulatoire par des psychiatres exerçant dans les unités sanitaires au sein des 188 prisons.
Il existe aussi 26 services médico-psychologiques régionaux (SMPR), installés dans des établissements pénitentiaires. Ces services permettent une hospitalisation de jour.
Manque d’attractivité
Un rapport de la commission des lois de l’Assemblée nationale publié en mars 2018 déplorait « la sous-occupation des postes médicaux par rapport aux besoins de la population pénale » :: « En 2016, 22% des postes de médecins psychiatres n’étaient pas pourvus ». Le rapport pointe « le manque d’attractivité de l’exercice psychiatrique en prison ».
Un détenu peut attendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois, avant une consultation, selon l’Observatoire international des prisons (OIP). Un phénomène aggravé par la surpopulation carcérale.
Autre problème: des SMPR « refusent d’accueillir d’autres détenus que ceux écroués dans leur établissement de rattachement », notent les députés. « Une minorité des détenus y ont accès », critique l’OIP.
A cela s’ajoute le manque de formation des surveillants.
L’hospitalisation complète
Les hospitalisations sans consentement sont réalisées dans des hôpitaux psychiatriques classiques ou dans les unités hospitalières spécialement aménagées (UHSA). Ces dernières accueillent également des détenus qui consentent à être hospitalisés.
Les détenus peuvent également être accueillies au sein d’UMD, davantage sécurisées, lorsqu’ils présentent un danger pour autrui.
Pour Adeline Hazan, les UHSA « fonctionnent plutôt bien » Mais souvent, ces unités « refusent des malades en urgence, qui atterrissent donc dans des hôpitaux psychiatriques ». Or dans ces hôpitaux, « les détenus sont souvent placés à l’isolement pour des motifs de sécurité, et sont parfois attachés. C’est une atteinte à leurs droits», critique-t-elle...
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