L'État a été condamné à indemniser la famille d'un prisonnier mort d'un malaise cardiaque. Son codétenu avait essayé en vain d'alerter les surveillants.
Condamné à 20 ans de réclusion criminelle, ce détenu à la santé chancelante a déjà subi quatre infarctus et souffre de graves problèmes cardiaques. Il tousse et s'arrête brutalement de respirer, avant de perdre connaissance.
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Son codétenu, paniqué, essaie d'abord de le réanimer ; n'y parvenant pas, il tente de joindre un gradé en sonnant à l'interphone. Personne ne lui répond. Alors, il tambourine à la porte et appelle au secours. Alerté par ses cris, l'un des occupants de la cellule voisine finit par contacter le 18 sur son téléphone portable – ce qui lui vaudra un séjour au quartier disciplinaire.
Patrick P. est toujours inerte, son camarade de détention sonne encore, mais rien ne se passe. Il est 23 h 45 quand les pompiers se présentent à la porte de l'établissement. Croyant à « un canular », le gradé de permanence refuse de leur ouvrir la porte.
Un surveillant finit par se rendre sur la coursive pour vérifier à l'œilleton ce qui se trame dans la cellule 347. Patrick P. gît, la bouche ouverte, sur son matelas ; son compagnon de cellule est aux cent coups. Les pompiers finissent par entrer dans l'enceinte pénitentiaire, mais il est trop tard. Le cœur de Patrick P. ne bat plus, il est mort depuis un bon moment déjà.
« Mauvais paramétrage »
Au terme d'une procédure qui aura duré plusieurs années, le tribunal administratif de Strasbourg (Bas-Rhin) vient de condamner l'administration pénitentiaire, et donc l'État, à verser au titre du préjudice moral près de 15 000 euros à l'épouse, la fille et les petits-enfants du détenu décédé ; les juges ont considéré que ces défaillances en cascade lui ont fait subir une « perte de chance » de survie, qu'ils évaluent à 25 %.
Si elle estime que la prison a « suffisamment pris en compte » la pathologie cardiaque dont souffrait la victime, la juridiction administrative considère, en revanche, que « le mauvais paramétrage » des interphones reliant les cellules aux postes de sécurité est « à l'origine directe » de l'arrivée tardive des secours. « Une faute de nature à engager la responsabilité de l'État », a tranché le tribunal.
Les appels passés via l'interphone étaient censés être pris en compte par la porte d'entrée, vu le faible nombre de personnels – moins de dix – présents dans les étages, durant la nuit. Il n'en fut rien.
« Et pour cause, le personnel avait l'habitude de débrancher le système pour ne pas être embêté par des appels intempestifs », dénonce l'avocate de la famille de défunt...
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