Le choix de la future prison du Roi de l’évasion était en débat avant même que le fugitif ne soit arrêté à Creil (Oise), dans la nuit de mardi à mercredi.
L’interrogation est née en même temps que son évasion, portée par la conviction que sa cavale serait de courte durée : où incarcérer Redoine Faïd lorsqu’il serait repris ?
Au fil de ces dernières semaines, la question a été débattue au sein de l’administration pénitentiaire, avec une acuité croissante à mesure que l’étau se resserrait sur le fugitif. Elle n’est pas encore tranchée, même si les noms des prisons de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) et Fleury-Mérogis (Essonne) reviennent avec insistance dans les conversations.
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C’est qu’il s’agit d’une équation à multiples inconnues, basée sur une seule certitude : « La première chose à laquelle Faïd pensera quand il sera de nouveau entre quatre murs, ce sera à la meilleure manière d’en sortir », résume un agent.
Sur le papier, les deux établissements les plus sécurisés de France sont sans conteste les « prisons forteresses » de Condé-sur-Sarthe (Orne) et Vendin-le-Vieil. Cette dernière a la faveur des experts de la question pénitentiaire. En raison du niveau de sûreté qu’elle met en œuvre, comme de sa relative proximité avec l’Ile-de-France.
« Techniquement présumé innocent de son évasion »
Reste un problème d’ordre légal. Il s’agit d’établissements dits « pour peine », réservés aux détenus condamnés. Or, pour au moins deux des affaires qui le concernent, comme pour son évasion, Redoine Faïd reste sous le statut de prévenu. « Dans les faits, il est compliqué de dire qu’il est présumé innocent de son évasion, décrypte une source proche du dossier. Mais il le reste techniquement ».
Pour remédier à cette situation, il est prévu une modification du code de procédure pénale, afin que les détenus particulièrement signalés (DPS) puissent être affectés en centrale indépendamment de leur statut de prévenu ou de condamné. En attendant, seule des dérogations ponctuelles le permettent. Cela a notamment été le cas, par exemple, pour Salah Abdeslam, l’un des terroristes du 13 novembre 2015. Et ce devrait donc l’être à nouveau pour Faïd. « Dans ce cas, ça remonte au niveau ministériel, voire interministériel », souligne cette même source.
A Fleury-Mérogis le temps de l’instruction ?
Au final, ce sont les juges qui trancheront, dans les prochaines 24 heures, soit la durée de la « rétention » de Faïd. Pour ce qui est de cette cavale, ce sont donc trois juges de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Paris qui, « pour des raisons pratiques, peuvent décider d’une détention en Ile-de-France, afin de faciliter les multiples transferts et auditions qui ne manqueront pas d’avoir lieu », relève-t-on à l’administration pénitentiaire. Dans ce cas de figure, selon nos informations, c’est vraisemblablement Fleury-Mérogis qui serait choisi pour accueillir cet encombrant prévenu le temps de l’instruction.
Dans tous les cas, un équilibre devra être trouvé entre la sécurité de l’établissement et sa distance avec Paris, la multiplicité et la durée des transferts nécessitant une débauche de moyens pour parer à toute nouvelle tentative d’évasion. A minima, c’est le GIPN qui sera mobilisé pour le convoyer. Mais je le vois mal être en capacité de mobiliser une équipe capable de s’attaquer à un convoi. Si quelque chose devait à nouveau se passer à l’avenir, ce serait plus sûrement au niveau de l’établissement.
Se faire oublier en prison pour passer à l’action
Face à cette éventualité, un important travail sera effectué en termes de renseignement pénitentiaire, à la manière de ce qui avait été mis en place lorsqu’Antonio Ferrara avait lui-même été repris. D’ores et déjà, « une partie des moyens en termes de renseignement sera dévolue aux 300 DPS - hors faits de terrorisme - qui se trouvent actuellement dans les prisons françaises », note-t-on au sein de l’administration, où l’on reconnaît que ces derniers avaient été quelque peu délaissés ces dernières années, la majorité des effectifs étant justement dédiée aux détenus mis en cause pour terrorisme.
Enfin, comme la ministre de la Justice s’y était engagée dans son plan prison, les établissements pénitentiaires seront prochainement classés en fonction de leur niveau de sécurité...
Source : Le Parisien
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