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jeudi 26 juin 2014

"Le plus ancien détenu de France" dénonce le casse-tête de la réinsertion

 Philippe El Shennawy, libéré en janvier après 38 ans de prison, proteste contre les contraintes lourdes de l'après-prison, qui rendent difficile sa réinsertion. 
 
Vingt ans passés à l'isolement, puis la liberté. Une liberté relative. A 60 ans, Philippe El Shennawy, celui que l'on prénommait "le plus ancien détenu de France", dénonce au micro de France info les difficultés de la réinsertion. Condamné en 1977 à perpétuité pour un " vol à main armée" avec prise d'otage, il s'était évadé par deux fois et accumulait treize condamnations. Il n'aurait pas du être libéré avant 2032 mais est finalement sorti en janvier dernier. L'homme, qui travaille désormais dans l'événementiel, fait part de ses difficultés à concilier une vie normale avec les contraintes de la liberté surveillée. 
"La réinsertion ne se fait pas. Mais en plus, quand vous êtes dehors, on vous met que des bâtons dans les roues"

Si l'ancien détenu à haut risque présentait suffisamment de garanties, selon les juges, pour retrouver sa liberté, il doit cependant porter un bracelet électronique et n'en reste pas moins assujetti à des horaires stricts de sortie. S'il peut s'éloigner de son domicile 15 heures par jour en semaine pour se rendre sur son lieu de travail, il n'a droit qu'à trois heures les jours de congés. Un véritable casse-tête. "Récemment, j'ai été à Marseille, dans le cadre du travail. Normalement, vous n'avez droit qu'à cinq jours donc quand vous devez partir pour quinze jours, ce n'est pas possible. Vous devez remonter entre les deux et redescendre. C'est ingérable comme situation." "La réinsertion ne se fait pas. Mais en plus, quand vous êtes dehors, on vous met que des bâtons dans les roues, s'emporte l'ancien détenu qui fustige la réforme Taubira. Quel intérêt ? 38 ans, ça ne suffit pas ?"

Sa vie de couple en souffre également : "Si j'étais seul, ce ne serait pas véritablement un problème. Mais j'ai une épouse et les contraintes qu'on m'applique, on lui applique automatiquement." Le couple comptait s'accorder cinq jours de vacances dans le Lot. Mais le parquet a fait appel. Aujourd'hui, la justice na toujours pas prononcé sur la question et les vacances du couple sont sérieusement compromises.

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