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lundi 6 juillet 2015

Marseille - Prise d'otage aux Baumettes

Forte poussée de chaleur hier en prison. Un détenu en séquestre un autre. Il voulait être transféré et parler à la TV
 
Faits divers - Justice - Actualités - Prise d'otage aux Baumettes - 1
 
Il faisait un temps à tourner "Le salaire de la peur", hier, du côté des Baumettes. Surchauffe en détention. Pas un souffle de vent. Un manque d'eau dans les cours de promenades et des livraisons de denrées périssables qui se font désirer.
Un volcan qui a fini par se réveiller. 15 h 30 : un appel au standard de notre journal nous annonce une prise d'otage. Un détenu armé d'un couteau s'est enfermé dans une cellule du bâtiment D. Il en menace un autre qu'il a pris soin d'attacher. Il a une trentaine d'années. Il n'a pas de folles revendications. Il veut juste être transféré, parler à sa mère et, déraisonnable exigence, à une chaîne TV...   
On lui prête quelques dérèglements psychologiques. Alertée, la police dépêche la Brigade anticriminalité (Bac). À l'extérieur, les policiers surveillent l'évolution de la situation au son entêtant des cigales.   
À l'intérieur, souffleront les syndicats, c'est "une vraie cocotte-minute". 155 % de surpopulation carcérale. Il suffirait d'un rien. "Si on voulait que ça pète, on ne s'y prendrait pas autrement", maugrée David Cucchietti, délégué CGT. Le parquet va faire appel aux Équipes régionales d'intervention et de sécurité (ERIS), des unités méconnues de la pénitentiaire, mais habilitées à intervenir en situation de crise. À 16 h 50, branle-bas de combat. Les "ninjas" caparaçonnés des prisons jaillissent de deux fourgons sombres et prennent position.  
À l'étage, les surveillants de permanence ne négligent rien des négociations. Ils vont obtenir la reddition du preneur d'otage.   
A-t-il compris que l'arrivée des ERIS sonnait le glas de ses caprices revendicatifs ? Il est 17 h 15. "Des règlements de comptes à coups de couteau, on en a maintenant tous les jours, poursuit David Cucchietti. On a des postes de plus en plus découverts. On n'a plus le temps d'être à l'écoute de rien. Un jour, il va y avoir un mort. Et on va encore perdre du personnel. Il y en a 34 qui partent et seulement 14 qui arrivent..." "Les collègues n'en peuvent plus, note Cyril Antolin, délégué régional du Syndicat pénitentiaire des surveillants (SPS). Tous les jours, on trouve des couteaux. On a suffisamment pesté contre les projections venues de l'extérieur." Finies, "les fouilles systématiques". Il y a désormais des "fouilles sectorielles".   
Jargon administratif ou belles promesses ? 1 200 places, plus de 1 800 détenus. Sur un grand panneau, à l'entrée des Baumettes, on lit ce slogan guimauve : "Pour vous, la justice se modernise". Trois immenses grues semblent maîtriser la situation. Attention quand même aux messages de forte chaleur carcérale qui ont pour noms canicule, surpopulation et frustration générale.

Qu'est-ce que le bâtiment D ?

Le bâtiment D des Baumettes, où se sont déroulés les faits, accueille divers profils de détenus, puisque sur quatre étages, on compte la détention normale, où se trouvait le détenu en cause. Au 5e, sont écroués les détenus placés au quartier d'isolement, soit en raison de leur profil personnel, soit de la nature des faits reprochés. Au 6e, siège le quartier disciplinaire, qui accueille les récalcitrants. Le bâtiment D compte à peu près un surveillant pour 90 détenus contre 140 dans les autres bâtiments.   

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