les ne sont qu'une trentaine dans les prisons françaises mais leur nombre a triplé en six mois: les détenues radicalisées suscitent craintes et angoisses au sein de la population carcérale comme parmi les surveillants, qui réclament une prise en charge adaptée.
Parmi ces dernières, essentiellement des femmes impliquées dans des dossiers jihadistes mais aussi quelques détenues basques.
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"Il n'y a pas d'explosion en terme de volume mais une hausse continue du nombre de femmes radicalisées, qui étaient très marginales en prison il y a encore un an. On n'est pas armé face à cela, ni en termes d'infrastructures ni en termes de formation du personnel", déclare à l'AFP le secrétaire général de la CGT-Pénitentiaire Christopher Dorangeville.
Les principaux syndicats pénitentiaires partagent ce diagnostic et décrivent un "effet mathématique": le nombre des radicalisées augmente en même temps que les procédures terroristes, qui concernent de plus en plus de femmes et de mineurs.
Et "le pire est à venir avec les retours attendus de Syrie", rappelle Jean-François Forget, secrétaire général de l'Ufap-Unsa, premier syndicat pénitentiaire.
Une "bombe à retardement" pour le procureur de Paris, François Molins, qui listait déjà en septembre 59 femmes -dont 18 écrouées- parmi les 280 mis en examen à ce moment-là dans les dossiers liés à des filières jihadistes.
A Fleury-Mérogis, la plus grande maison d'arrêt d'Europe qui compte un quartier pour femmes et une nurserie, les surveillants sonnent l'alarme. De juin à novembre, les radicalisées sont "passées de neuf à 23", sur un total d'environ 240 détenues. "Le nombre augmente et la résistance à l'ordre aussi. Tout devient objet de tensions", raconte Marcel Duredon, du syndicat FO-Pénitentiaire.
"Les radicalisées -qui ne sont pas séparées des autres détenues- cherchent à recréer un réseau, de la hiérarchie. C'est vital pour elles, passé le premier choc de la prison", explique-t-il.
- "Troubles d'anxiété" à la nurserie -
Face à une violence verbale accrue et un prosélytisme impossible à juguler, les surveillants se sentent "abandonnés" et "les autres détenues ont peur", ajoute-t-il. Pendant les heures de promenade, certaines "crient des passages du Coran à travers la fenêtre de leur cellule", raconte un autre surveillant.
Même son de cloche à Fresnes, une autre prison de la région parisienne où "des femmes fragiles ont peur de voir s'installer des caïdats, d'être obligées d'obéir sous peine de représailles", relate Frédéric Godet, surveillant.
La plus grande détresse vient de la nurserie de Fleury, qui accueille femmes enceintes, jeunes mères et leurs bébés jusqu'à 18 mois. Sous le couvert d'anonymat, un surveillant évoque l'angoisse des mères face à des détenues "prêtes à tout pour leur cause", un autre affirme que les comportements prosélytes ont causé "des troubles d'anxiété chez les enfants".
Dans son plan d'action contre la radicalisation violente présenté le 25 octobre, le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas a annoncé "une prise en charge spécifique des femmes", avec l'ouverture en 2017 d'un quartier d'évaluation de la radicalisation à Fleury et la création au sein d'établissements de treize quartiers pour femmes, destinés à accueillir de cinq à dix personnes.
La Chancellerie, qui se refuse à donner encore des dates précises, veut aussi accroître le parc des cellules d'isolement et assure "anticiper" les retours de Syrie.
"Cela fait plus d'un an qu'on voit venir cette vague. On voit se reproduire avec les femmes (une trentaine) et les mineurs (une vingtaine) exactement les mêmes erreurs qu'avec les hommes: retard dans le diagnostic, retard dans la prise en charge", tempête Jean-François Forget, qui plaide pour une séparation étanche entre radicalisés et autres détenus.
Amer, Marcel Dureton de FO répète qu'il est impératif de "ne pas attendre" pour "évaluer nos adversaires", "mieux les connaître et mieux les prendre en charge".
AFP
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