Le détenu « oublié », selon son avocat, a obtenu une libération conditionnelle hier. Condamné en juillet 1979 à la perpétuité pour un cambriolage mortel, il a passé plus de 40 ans derrière les barreaux.
Michel Cardon a 26 ans lorsqu’il commet un cambriolage qui va mal tourner et va solder son destin. Jugé deux ans plus tard avec son complice par la cour d’assises de la Somme, il échappe à la peine de mort et est condamné à la perpétuité. On ignore toujours qui a tué le retraité chez qui les deux hommes s’étaient introduits.
Liens commerciaux:
Pour la première fois de sa vie, Michel Cardon a eu un peu de chance. Le détenu sans famille ni ami, que son avocat décrit comme un « oublié de l’administration pénitentiaire », a croisé la route de Benoît*. C’est son voisin de cellule.
Sorti de détention, il lui rendra visite et lui promet de l’aider : c’est son premier parloir en 40 ans. Michel Cardon a aussi la chance de croiser la route d’une association d’aide aux détenus, prête à lui donner un coup de pouce ; puis celle de son avocat, Me Eric Morain, qui découvre l’histoire du détenu dans la presse.
« Selon la loi, sa situation doit être examinée tous les ans. Rien n’a été fait. Quel dysfonctionnement, un de plus », déplore l’avocat. Il déposera une demande de libération conditionnelle mi-2016, puis, face à l’absence de réponse, une demande de grâce présidentielle, adressée au président Macron, le 12 février. C’est finalement la justice qui répondra le plus rapidement.
Deux structures prêtes à l’accueillir
La situation du sexagénaire a été examinée le 15 mars par le tribunal d’application des peines. « Michel Cardon, c’est quelqu’un qui s’est éteint à petit feu. Il s’est anesthésié, au fur et à mesure où on l’oubliait. L’audience devant le TAP, ça lui a redonné un coup de fouet. »
Sa libération conditionnelle est accompagnée d’une période probatoire, durant laquelle Michel Cardon ne sera pas complètement libre, placé sous bracelet électronique, ou en semi-liberté. « J’ai entendu le président dire qu’il fallait donner un sens à la peine. Quarante ans plus tard, un bracelet, ça n’aurait plus aucun sens. Ça n’a plus de sens pour les victimes, ça n’a plus de sens en termes de dangerosité », avance l’avocat pour justifier la demande de grâce présidentielle.
Michel Cardon aura en tout cas besoin d’aide à sa sortie. « Il a été mal ou pas soigné , souligne Me Morain. Il a fait un AVC. » Et après 40 ans de prison, il faut tout réapprendre, tous les gestes du quotidien...
Lire la suite sur l'Alsace
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire