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mercredi 30 mai 2018

Belgique - Radicalisme: l'aile spécifique de la prison d'Ittre est un échec et un leurre, selon des gardiens

La dramatique attaque survenue à Liège, ce mardi, relance le débat sur la problématique de la radicalisation dans nos prisons. 

Belgique - Radicalisme: l'aile spécifique de la prison d'Ittre est un échec et un leurre, selon des gardiens

De nombreux observateurs l'affirment: l'effet de contagion est un réel problème. Les individus les plus radicalisés entraîneraient les détenus de droit commun sur la voie de l'extrémisme, religieux notamment. Le prosélytisme serait fréquent en prison. Tout comme l'instrumentalisation des esprits les plus fragiles.



Post 22 mars

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La problématique avait déjà défrayé la chronique après les attentats de Bruxelles. Et pour éviter le prosélytisme, les autorités avaient alors décidé de lancer un projet-pilote dans les prisons de Hasselt et de Ittre.

Le projet, baptisé De-Radex, est inspiré du modèle français. Objectif: réserver une aile spécifique à certains détenus radicalisés... en particulier, ceux qualifiés de recruteurs, dont les personnes ayant embrigadé des jeunes belges dans des projets djihadistes. Le système de cellules réservées à ces radicalisés-recruteurs est sensé éviter la contagion du radicalisme constaté dans les établissements pénitentiaires. Mais à ce jour, aux yeux des syndicats et de bon nombre de surveillants de la prison d'Ittre, le système ne fonctionne pas correctement. Il serait même un véritable leurre.

12 radicalisés-recruteurs

A Ittre, le projet De-Radex prévoit 20 cellules spécifiques. Un quartier sous haute surveillance, des détenus isolés, des surveillants bien formés (en théorie). Selon plusieurs syndicats et plusieurs membres du personnel, dont David Birra, agent pénitentiaire et délégué SLFP, "il y a eu jusqu'à 14 détenus. Mais actuellement, le quartier n'en compte plus que 12, deux personnes ayant purgé leur peine".

"Ce qui est interpellant", dit Michel Jacobs, permanent CGSP, "c'est que des détenus potentiellement radicalisés, sans être pour autant recruteurs, peuvent occuper les autres ailes de la prison d'Ittre... sans parler de la majorité des établissements ne disposant pas de cellules spécifiques". Le problème de la détection des personnes radicalisées reste d'ailleurs un élément difficile à définir.

Prosélytisme par la fenêtre

Le projet De-Radex était sensé isoler les recruteurs pour éviter le prosélytisme. Là aussi, on serait loin du compte. Selon Vincent Gontier, agent pénitentiaire et délégué CSC à Ittre, les "détenus radicalisés interpellent les détenus de droit commun par un moyen tout simple: la fenêtre. Les cellules des recruteurs sont en effet assez proches des cellules normales. D'où le risque de manipulation des esprits, toutefois limité vu les rondes des surveillants". L'influence toxique sur les autres détenus serait donc plus difficile, mais pas impossible. Qui plus est, les gardiens d'Ittre sont sensés signaler tout comportement et tout événement laissant penser qu'un détenu est en voie de radicalisation... Une tâche difficile, pour ne pas dire impossible, dans certains cas.

Formation insuffisante   

Pour les agents qui ont choisi de travailler dans cette section haute sécurité, une formation est obligatoire. Elle comprend des notions sur l'islam, sur les dérives radicales, sur la manière de les détecter, sur le comportement des détenus recruteurs,... une formation qui, selon les gardiens, est nettement insuffisante.

Par ailleurs, les agents qui remplacent les surveillants habituellement affectés à l'aile spécifique, ne reçoivent pas de formation; un véritable problème! D'autant plus criant que les effectifs sont limités. Comme dans l'ensemble du monde carcéral.

RTBF


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