lundi 8 juin 2015

Villepinte - le surveillant toujours traumatisé un an après l’évasion

C’est seulement la deuxième fois qu’il retourne à la prison Villepinte, entouré de quelques collègues de la CFTC Justice qui lui conseillent de ne pas publier son vrai nom, pour protéger sa famille.
Villepinte, jeudi.  Villepinte, le 4 juin 2015. L’homme de 35 ans, surnommé le « Légionnaire » à la prison de Villepinte, a été brisé par l’expédition du commando qui a libéré Ouaihid Ben Faiza le 4 juin 2014. Il n’a pas osé dire à son fils qu’il ne travaillait plus depuis un an.  Le « légionnaire » comme on l’a surnommé à la prison de Villepinte reste traumatisé par l’expédition d’un commando armé qui a libéré Ouaihid Ben Faiza le 4 juin 2014.
 
« Il a fait tant de saisies derrière les barreaux, de drogue, de téléphones, d’argent… que certains peuvent lui en vouloir », souffle un collègue de la pénitentiaire.
Alors il s’en tient à ce surnom que lui avaient donné les détenus : « le légionnaire ». Mais depuis un an, c’est un homme de 35 ans brisé, qui n’a pas osé dire à son fils qu’il ne travaillait plus, traumatisé par l’attaque d’un commando armé, il y a un an.
  
C’était le 4 juin 2014. Le Légionnaire faisait partie de l’escorte (avec un chef, un stagiaire et un chauffeur) prévue pour emmener un détenu à l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis. Pas n’importe quel détenu, un DPS, « détenu particulièrement surveillé ». Ouaihid Ben Faiza, un caïd de La Courneuve, purgeait une peine de 8 ans pour trafic de stupéfiants.

Ce matin de juin, il avait un rendez-vous ophtalmologique à Delafontaine. « Une journée ordinaire » se souvient le surveillant, qui se rappelle d’un détenu coopérant et calme, se prêtant sans ciller à la fouille intégrale avant le départ.

« Le canon sur ma tempe était froid et métallique »   
 
« Il pleuvait, il y avait des bouchons, on a mis le gyrophare », raconte le surveillant. A Delafontaine, il se tient à l’entrée de la consultation. C’est au moment de repartir qu’un commando armé surgit. « Cinq hommes en blouse blanche, cagoulés, tout de blanc vêtus. Ils ont mis en joue mon chef, qui s’est réfugié dans l’hôpital. Une personne s’est avancée vers moi avec une bombe lacrymogène en me mettant une arme sur la tempe. Le canon était froid et métallique, j’ai su que ce n’était pas un jouet… Il m’a aspergé de gaz en me répétant “Bouge pas toi, je te dis recule”. » Le commando récupère une arme tombée au sol et repart avec le prisonnier.

Saint-Denis, le 4 juin 2014. Le véhicule du commando armé qui avait fait évader Ouaihid Ben Faiza de l’hôpital Delafontaine avait été retrouvé incendié. (LP/Maxime François.)

Aveuglé par le gaz lacrymogène, le surveillant rejoint péniblement le fourgon et avertit la prison de l’évasion. La cavale du prisonnier se termine quinze jours plus tard, dans un petit hôtel sans charme au Bourget. Mais pas le cauchemar du « Légionnaire ». Pourtant, des agressions il en a vécues. « Une trentaine », dit-il. « Toutes mes dents y sont passées, mais jamais je n’ai arrêté le travail. Là ce n’est pas pareil, c’était une prise d’otage par arme à feu, où ma vie en dépendait. » Le directeur interrégional pénitentiaire de l’époque a demandé une récompense nationale pour lui, mais ça lui a été refusé.
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