lundi 24 août 2015

Arras - portable en prison, «ça aide à tenir le coup que de pouvoir l’entendre»

Toujours et encore suite à notre enquête sur l’hyperconnectivité des détenus en prison, parue début août, les réactions affluent. Ce sont maintenant des familles qui souhaitent témoigner.
 

PHOTO PASCAL BONNIERE

VDNPQR
Elle est femme de détenu. On ne saura pas pourquoi son homme a été condamné et placé en détention, à Arras, « mais il n’a tué personne », assure-t-elle. « Il a juste voulu arrondir un peu les fins de mois. Disons qu’on ne sort pas de la cuisse de Jupiter, et que le système D, c’est un peu une obligation chez nous pour survivre ».

Désormais, c’est le système P qu’elle découvre. P comme prison. Son mari n’avait jamais fait de taule. Et comme lui, elle fait donc connaissance depuis quelques mois avec un univers dont elle ne soupçonnait pas qu’il soit aussi rude. « Certains détenus ont beau jouer la provoc’, en s’affichant en train de faire de la gonflette ou de la bronzette, mais c’est loin d’être le Club Med ! Du moins pour ceux qui sont des prisonniers lambdas, pas des gros bras. Les gens se disent : S’il est en prison, c’est qu’il le mérite, c’est bien fait. Et puis là-bas, au moins, il est nourri, logé, blanchi. J’ai certainement pensé la même chose. Mais maintenant, ça n’est plus le cas. Car c’est complètement faux ! »

Karine, c’est le prénom qu’on lui donnera, évoque « la vie chère », en prison. « Il ne vaut mieux pas tomber en panne de dentifrice, par exemple. Ça coûte plus cher qu’en supermarché si on l’achète à la maison d’arrêt ! » Karine raconte aussi les pressions au quotidien : celle des surveillants, « plus sympas et conciliants avec les caïds qu’avec les petits détenus, parce que c’est comme ça qu’ils achètent la paix » ; et celle exercée par les détenus entre eux : « Soit on cède aux gros bras, et on profite des combines internes, soit on passe un mauvais séjour ».

Les missiles ? Karine ne savait pas ce que c’était avant que son mari ne soit mis derrière les verrous. « Ce sont d’autres femmes qui m’ont expliqué, au parloir. J’étais réticente, mais bon, c’est comme ça que mon homme a pu avoir un portable. En plus des lettres qu’on s’envoie, mais dont on sait qu’elles seront lues ou même perdues avant d’arriver en cellule, c’est la seule façon pour nous de garder le lien, et pour lui de voir ses enfants. Quand il m’appelle, je me dis qu’il est comme un routier, parti faire une longue livraison, mais qu’il va revenir dans pas longtemps. Ça aide à tenir le coup...
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