lundi 19 janvier 2015

Radicalisation en prison: une association mandatée par l'administration pénitentiaire

L'Association française des victimes du terrorisme (AfVT) a été mandatée vendredi par l'administration pénitentiaire pour mettre en place un programme expérimental de détection et de prise en charge de la radicalisation religieuse des détenus, selon un communiqué.

Une association a été mandatée par l'administration pénitentiaire pour mettre en place un programme expérimental de détection et de prise en charge de la radicalisation religieuse des détenus  (c) Afp         

 
Ce programme sera mis en place dans deux établissements d'Ile-de-France "dans les prochaines semaines", a indiqué l'administration pénitentiaire.
Il a été élaboré avec le concours de chercheurs spécialistes de la radicalisation en détention.
"On n'est pas là pour faire du +brainwashing+ à l'envers", a expliqué à l'AFP Guillaume Denoix de Saint Marc, directeur général de l'AfVT, qui réfute le terme de déradicalisation et préfère parler de "désengagement".

Concrètement, le protocole s'appuiera notamment sur le témoignage de victimes d'actes terroristes, déjà utilisé par l'association dans le cadre d'interventions dans des lycées.

La méthode a pour ambition de créer un "choc narratif" en présentant différemment la victime.
"Les extrémistes voient la victime comme quelqu'un d'humilié, de faible, de déshumanisé. Or, on essaye d'évacuer le +pathos+ et d'axer davantage sur la façon dont la personne s'est reconstruite, de mettre en scène un parcours de vie", décrit M. de Saint Marc.

Les témoignages, qu'ils soient sur support vidéo ou par une personne présente, sont systématiquement suivis d'un échange.

"Si on part dans une discussion théologique, ce n'est pas la victime mais un autre intervenant qui prend le relais", précise le directeur de l'AfVT.

L'association est engagée dans l'aide aux victimes mais aussi dans la prévention du terrorisme par des moyens non-répressifs.

Pour élaborer son programme, l'AfVT s'est notamment appuyé sur les travaux du RAN (Radicalisation awareness network), un groupe de travail sur la lutte contre la radicalisation financé par la Commission européenne.

M. Denoix de Saint Marc codirige la cellule du RAN consacrée au rôle des victimes.
Régulièrement évoqué depuis vingt ans, le sujet de la radicalisation en prison a été relancé par les attentats des 7,8 et 9 janvier, dont l'un des auteurs, Amédy Coulibaly, serait devenu extrémiste religieux en détention.

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