lundi 23 février 2015

Dans la peau d'un détenu à la maison d'arrêt de Blois

Si la prison de Blois n’est ni la plus violente, ni la plus surpeuplée, elle reste un lieu de privation de liberté. La NR s’est glissée derrière les barreaux.

La maison d'arrêt de Blois a été mise en service en 1943, sous l'occupation allemande. Elle compte 114 places. - La maison d'arrêt de Blois a été mise en service en 1943, sous l'occupation allemande. Elle compte 114 places. - (Photo d'archives NR)

Appelons-le Serge. Ou Bertrand. Peu importe. L'homme n'existe pas. C'est un détenu fictif, représentatif du prisonnier ordinaire. Âgé entre 40 et 50 ans, il devrait passer cinq mois à l'ombre. Avant de sortir puis, peut-être, de revenir. Sur les 102 (*) détenus incarcérés à la maison d'arrêt de Blois, 30 en sont au moins à leur deuxième passage en prison.

Trois heures de promenade par jour et trois douches par semaine


La cellule de Bertrand ressemble aux 96 autres de l'établissement. Un rectangle de 9 m2 partagé avec un autre détenu. À l'intérieur, deux lits superposés, une table, deux chaises, un frigo, une plaque chauffante, des toilettes, un évier et une télévision 36 cm facturée 8 euros par mois, avec TNT et bouquet Canal +. Seul lien avec l'extérieur, la fenêtre est perchée à deux mètres de haut, doublement protégée par un grillage et des barreaux.

 Hier, Bertrand n'a pas quitté sa cellule. C'est son droit. Aujourd'hui, ça va mieux. Il est motivé. Heureusement, car son programme est chargé. Trois repas lui seront apportés. Deux sorties (1 h 30 le matin, pareil l'après-midi) seront proposées dans une des sept cours de promenade. Il pourra aussi prendre une des trois douches autorisées par semaine. Et, peut-être, passer 45 minutes au parloir avec son avocat ou sa femme. Des discussions, des câlins, mais pas de relations sexuelles. Le lieu est surveillé. Comme un tiers des détenus, Bertrand travaillera bientôt au sein d'un des quatre ateliers de la maison d'arrêt. Pour 45 % du Smic, soit un peu plus de 4 € de l'heure, il fabriquera des pièces métalliques pour des moteurs, des vestiaires, des coffres-forts, du matériel paramédical. Il pourrait également s'occuper de l'entretien de la prison, enfiler un tablier de cuisinier ou aider à distribuer les 300 repas quotidiens.

 En attendant de bosser, Bertrand a décidé de se cultiver. A la médiathèque, tenue par le détenu le plus âgé, 3.000 livres sont en libre accès. On y trouve aussi des journaux, des magazines, des albums de musique. Dans une salle à côté, des professeurs donnent des cours de français, d'anglais, d'espagnol, de mathématiques, d'informatique, d'histoire, de géographie. Le niveau n'est pas très élevé mais cela reste intéressant. Et enrichissant.

La détention est aussi l'occasion de s'entretenir physiquement.


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