mercredi 25 février 2015

L’administration pénitentiaire recrute des surveillants mais pas des «porte-clés»

«Ah… Mais tu es nouvelle ici, toi, non?» Mercredi dernier, dans l’une des immenses coursives de la prison de Fresnes (Val-de-Marne), Mégane, 24 ans, avoue qu’elle a été parcourue par un petit frisson quand elle a été apostrophée par une des détenues.

Les coursives des quartiers des hommes dans la prison de Fresnes, le 16 juin 2011

 Pas de quoi, pour autant, entamer la détermination de celle qui a pour ambition de devenir surveillante pénitentiaire. «C’est normal qu’il y ait un peu d’appréhension, lâche-t-elle. Mais ce métier est une chance pour moi. On est loin des idées reçues que l’on s’en fait.»

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Vidéos témoignages, quiz interactif: l’administration pénitentiaire (AP) redouble en ce moment d’ingéniosité pour recruter des candidats au concours de surveillant dont les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 3 mars. Une nécessité puisqu’il lui fait trouver 2.000 nouveaux «matons» d’ici à un an. Surpopulation carcérale, construction de nouveaux établissements, «la phase d’embauche vise aussi à répondre au problème de la radicalisation en prison après les attentats de janvier», confie Line Casanova, chef du bureau recrutement au sein de l’AP.

«Ils ont peur de se faire insulter à longueur de temps»

Ce n’est pourtant pas le principal problème des petits nouveaux, selon Myriam Robert, formatrice depuis onze ans à la prison de Fresnes. «Le radicalisme existe oui. Mais les nouveaux surveillants ont surtout peur de se faire insulter à longueur de temps. Au bout de deux, trois jours, ils se rendent compte que c’est surtout un métier basé sur les rapports humains.»

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Nathan, 22 ans, a pu s’en apercevoir lors de ses stages de formation. «L’opinion publique pense que nous ne sommes que des porte-clés. Mais c’est d’abord un travail d’équipe, confie celui qui était menuisier de formation. Et c’est une belle surprise…» Car Myriam Robert l’avoue: «Personne ne fait ce métier par vocation!»

Rares sont les candidats qui abandonnent

Diplômes en poche, les candidats se retrouvent souvent au concours un peu par hasard. «Je venais de l’éducation nationale et je peinais à trouver un CDI, poursuit ainsi Mégane. Je me suis dit "pourquoi pas?"» Le concours obtenu, la jeune femme a eu le droit à une formation de huit mois au sein de l’école nationale de l’administration pénitentiaire (ENAP) à Agen (Lot-et-Garonne) et attend désormais d’avoir son affectation.

«L’école d’Agen dispose d’un bâtiment qui a été transformé en prison factice, poursuit Line Casanova. Cela permet aux jeunes de se rendre compte de la tâche et de faire en sorte qu’ils ne soient pas impressionnés une fois en poste.» Pas évident. «La prison est une micro société, conclut Myriam Robert. Il y a moins de respect dans la rue qu’auparavant, il y en a donc aussi moins en prison…» Pour autant, selon elle, seules deux ou trois personnes sur une promotion de 800 abandonnent le métier en cours de formation.

Un salaire de 1.543 à 3.502 euros

Primes incluses, le salaire net d’un surveillant pénitentiaire est de 1.543 euros mensuels en début de carrière. Il peut atteindre 3.502 euros pour un commandant pénitentiaire dernier échelon. Pour passer le concours, il faut être âgé de 19 à 42 ans et posséder le diplôme du brevet des collèges ou équivalents. L’administration pénitentiaire compte aujourd’hui 22.058 surveillants.


20 Minutes

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