mercredi 4 février 2015

Intimidation du directeur à Fleury Mérogis ?

Les bénévoles du Genepi, association étudiante militant pour le décloisonnement des institutions carcérales, tiennent à dénoncer les pressions dont ils ont fait l'objet de la part du directeur de Fleury-Merogis à la suite d'une saisine du Contrôleur général des lieux de privation de liberté.

En France, il n'est pas permis d'enfermer des mineurs de moins de 13 ans en prison. Pourtant, lors des vacances de Noël, c'est un enfant qui semblait bien plus jeune qu'ont rencontré les bénévoles du Genepi. Les étudiants se rendaient à Fleury-Mérogis pour animer un atelier de ciné-débat avec de jeunes détenus. L'arrivée de ce jeune enfant isolé a également alerté les personnels de l'administration pénitentiaire et de la protection judiciaire de la jeunesse.

S'engager au Genepi c'est être « attaché au respect des Droits de l'Homme, [et avoir] le devoir de rendre compte de leurs violations éventuelles » (Charte du Genepi, article 3). C'est précisément ce qu'ont fait les bénévoles en avertissant sans tarder le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, qui a ainsi pu procéder aux vérifications nécessaires et constater la légalité de ce placement en détention.

C'est en l'apprenant que le directeur de Fleury-Mérogis a décidé de convoquer les responsables du groupe. Lors de cet entretien, il a pris le parti de faire pression sur eux, de les menacer et de les intimider en usant à l'excès d'une autorité de fait que lui conférait sa position. Il est impossible que le directeur et le directeur adjoint de la plus grande maison d'arrêt d'Europe ignorent que les associations ont le droit de saisir le Contrôleur, qu'il n'est pas permis à l'administration de contrôler ces informations et qu'il est inadmissible que les sources de cette institution puissent être inquiétées. Il s'agit donc d'un choix délibéré de leur part.

Ces faits sont d'autant plus graves que les missions du Contrôleur général des lieux de privation de liberté sont essentielles. Le Contrôleur est celui qui révèle, depuis sa création en 2007, les conditions inhumaines de détention dans nos prisons, aux Baumettes ou ailleurs, l'illégalité de certaines pratiques carcérales ou l'indignité qui est la règle dans certains établissements.

Il est interdit d'entraver l'action du Contrôleur : les parlementaires en ont récemment fait un délit pénal. En conséquence, nous nous réservons le droit d'en avertir le procureur de la République. Si une seule raison devait justifier notre réaction, il s'agirait d'une interrogation : si l'administration pénitentiaire se permet d'exercer des pressions sur des responsables associatifs libres, qu'en est-il aujourd'hui et qu'en sera-t-il demain des plaintes des personnes détenues dans cet établissement ?

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