samedi 27 février 2016

BEAUVAIS - La colère des gardiens, trois mois après l’ouverture de la prison

Premier blocage du nouveau centre pénitentiaire de Beauvais, vendredi 26 février matin. Les surveillants dénoncent déjà leurs conditions de travail et la gestion de l’établissement.

mouvement social au centre pénitentiaire de Beauvais (3)

Ici, c’est tout pour les voyous, rien pour le personnel. » François Raimondi, surveillant pénitentiaire, résume ainsi la situation des gardiens de la nouvelle prison de Beauvais.


Vendredi 26 février , une cinquantaine d’entre eux a bloqué l’entrée, à l’appel de trois syndicats (FO, UNSA Justice et CFTC) pour dénoncer les conditions d’exercice de leur profession dans un établissement pourtant flambant neuf, ouvert il y a trois mois. Alors que dans d’autres prisons, la pause du midi, établie à 45 minutes, est payée, cela fait des mois que les surveillants pénitentiaires essaient de l’obtenir à Beauvais.

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« Nous sommes mobilisables à tout instant »

«  On n’a pas suffisamment le temps de quitter le domaine, de nous mettre en civil, de rentrer chez nous pour dé jeuner  », indique Yannick Lenglet, secrétaire du syndicat FO. «  Pour un citoyen lambda, cela paraît illogique de faire payer les heures de pause, mais nous avons un statut spécial.

Nous sommes mobilisables à tout instant, au gré de l’administration  », ajoute Jooris Ledoux, délégué UFAP-UNSA Justice. À Beauvais, pas besoin d’appliquer cette disposition nationale, les surveillants sont presque aussi nombreux que les détenus : 170 agents contre 190 prisonniers actuellement. D’ici juin, selon les flux prévus, cette prison moderne de 604 places devrait être en capacité maximale.

170 agents pour 190 détenus actuellement

Hier, parmi les manifestants, on trouvait une grande majorité de titulaires. Certains sont originaires du nord de la France et regrettent déjà leur affectation à Beauvais, alors qu’ils étaient en poste dans des établissements de région parisienne souvent jugés sensibles.

«  Je fais l’aller-retour. mais les roulements ne sont pas respectés. Je cumule des heures négatives que je devrai à l’administration à la fin de l’année. Pour une ouverture de centre, nous sommes beaucoup trop de surveillants  », se plaint François Raimondi, qui a perdu 500 euros sur sa paye de janvier et février.

Sur les 170 agents, 70 sont des stagiaires sortis d’école, en attente de leur titularisation. «  Beaucoup sont originaires du nord ou du sud-ouest, on leur avait promis une affectation proche de leur domicile. La situation personnelle des agents, on n’en a rien à faire  », insiste Yannick Lenglet.

Le régime de détention pose question

Le régime de détention, original à Beauvais, préoccupe aussi les syndicats. Basé sur le respect des règles, il offre la possibilité aux prisonniers les plus dociles d’aller et venir de leur cellule comme ils le souhaitent dans leur bâtiment. Un troisième, qui accueillera en cours d’année de nouveaux détenus, adoptera ce principe.

La gestion de l’établissement, construite sous le régime du partenariat public-privé, est loin de satisfaire ceux qui y travaillent. Les syndicats mettent le doigt sur des dysfonctionnements de cette prison moderne où «  les fermetures-ouvertures des portes, gérées électroniquement, tombent déjà en panne  », selon le secrétaire FO.

«  Tout est long, il faut passer par des intermédiaires. Le prix des interventions est cher. Pour fixer quatre vis à un mur, c’est facturé 100 euros, raconte Philippe Leroy, premier surveillant, en provenance de la prison d’Osny-Pontoise. Là-bas, la maintenance tournait. Je préfère retourner dans une taule parisienne, en sureffectif.  »

Une réunion entre la direction et les syndicats ce mercredi

La situation se débloquera-t-elle mercredi prochain ? Alain Jégo, directeur interrégional de l’administration pénitentiaire, a invité les organisations syndicales autour d’une table.

« Chaque délégué interrégional viendra accompagné d’un représentant local, à Lille. Beauvais sera représenté, insiste ce dernier. Ce sera l’occasion de discuter de l’organisation du service ».

Au sujet des des problèmes de fonctionnement du nouveau centre pénitentiaire, le patron lillois préfère attendre que l’établissement prenne un rythme de croisière pour en juger. « On ne met pas en marche un paquebot comme Beauvais du jour au lendemain, insiste Alain Jégo. Il faut plusieurs mois de rodage. C’est pour cela que nous avons programmé une montée en charge progressive de l’établissement ».

Courrier Picard

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