samedi 10 février 2018

Femmes des forces de l’ordre, elles libèrent la parole

Le principe de l’association « Femmes des forces de l’ordre en colère » : parler à la place de leurs conjoints policiers, gendarmes, agents de la pénitentiaire… Et les soutenir au quotidien. 

Femmes des forces de l’ordre, elles libèrent la parole

Les témoignages de Stéphanie, femme de gendarme à Quimper, Élise, femme de policier à Vannes ou encore Jess, ex-policière et épouse de CRS à Nantes.



Qu’est-ce que le collectif Femmes des forces de l’ordre en colère (FFOC) ?

Lancé en février 2017 par Aurélie et Virginie, toutes deux femmes de forces de l’ordre, ce collectif est devenu une association en juillet. Elle soutient policiers, gendarmes, agents de la pénitentiaire et sapeurs-pompiers en mal-être, attaqués, blessés, tués… Leur but ? Libérer la parole à la place de leurs compagnons, soumis à un devoir de réserve. Si le mouvement est surtout féminin, des compagnons de femmes des forces de l’ordre l’ont aussi rejoint. Leur groupe (plus de 12 000 membres) et leur page Facebook (plus de 5 300 j’aime) ont fait des petits en région.

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Pourquoi libérer la parole ?

Élise*, l’une des administratrices bretonnes, est mariée à Ludo*, policier au commissariat de Vannes. Il a subi une grave agression en intervention et ne doit son salut qu’à l’instinct d’un collègue. Jess, ancienne policière, épouse d’un gardien de la paix à Nantes et membre du bureau, veut « faire ouvrir les yeux sur leur quotidien. Il faut arrêter de les prendre pour des cibles ! »

Que font-elles ?

Elles témoignent des conditions de travail, les violences dont ils sont victimes, leurs rythmes (un week-end de repos sur six pour beaucoup de policiers), l’accumulation de leur dette de sommeil, le manque d’effectifs et de moyens, les congés remis en cause… Elles organisent des manifestations. Début janvier, Stéphanie, agente de sécurité à Quimper, en couple avec un gendarme, a récolté « trente messages de soutien à un policier quimpérois qui s’est suicidé chez lui le 1er janvier ». Elle les a déposés au commissariat avec une rose.

Pour ou contre l’arme de service à la maison ?

Pour Jess, « c’est un moyen de défendre notre famille. Même les enfants sont rassurés ». Ça ne dérange pas Stéphanie : « Elle est rangée et ça fait partie du boulot. » « Ludo ne rentre jamais avec. C’est un choix de sa part et je trouve que c’est bien », contrebalance Élise.

Et les enfants ?

Un des quatre enfants de Jess a été « tabassé dans une douche en voyage scolaire parce que Papa est policier. Il est suivi par un pédopsychiatre car il souffre depuis d’une phobie de la douche et d’une phobie scolaire ». Plus généralement, « c’est très compliqué quand les enfants voient un CRS se faire brûler à la télé et que leur père est en déplacement. » Élise et Ludo inventaient « des chutes dans l’escalier pour expliquer les blessures du papa. Mais ça devenait trop anxiogène pour nos trois filles : on leur a expliqué que c’était un métier dangereux ». Pas de malaise pour la fille de Stéphanie : « Elle est fière. »

Comment désamorcent-elles ?

« Nous ne sommes pas formées : aucun contact direct avec leur emploi, ni leur hiérarchie. Pas de formation psychologique pour les accompagner et aider nos enfants à surmonter leurs traumatismes » se désole Jess. Elles essaient de faire parler ces hommes qui laissent « le boulot au boulot » comme dit Stéphanie : « Mais je vois quand il y a un truc qui ne va pas. » Les « trucs qui ne vont pas » sont légion. L’an passé, 49 policiers et 16 gendarmes ont mis fin à leurs jours. 9 se sont suicidés (6 policiers, 2 gendarmes et 1 militaire) et 5 ont perdu la vie en service (4 pompiers et 1 policier) depuis le 1er janvier.

Contact

https ://www.ffoc-france.com/

*prénoms d’emprunt.


Le mouvement de l’association nationale Femmes des forces de l’ordre en colère prend de l’ampleur sur Facebook et dans les manifestations qu’elles organisent pour libérer la parole à la place de leurs conjoints.
Quatre membres du bureau des Femmes des forces de l’ordre en colère.
Jess, femme de CRS à Nantes et membre du bureau.
Le conjoint de Stéphanie, gendarme dans le Finistère.
Stéphanie, agent de sécurité à Quimper et compagne de gendarme, a rejoint le collectif pour « libérer la parole et me sentir soutenue dans les coups de cafard ».



Femme de gendarme de jour comme de nuit

Stéphanie est en couple avec un militaire. Elle raconte les nuits à rallonge, le repos qui devient boulot… Elle s’implique dans l’association Femmes des forces de l’ordre en colère (FFOC).


Témoignage

Stéphanie a 41 ans. Elle est agent de sécurité à mi-temps à Quimper (Finistère) et partage sa maison avec sa fille de 11 ans et son homme, 47 ans. Une maison de fonction : son compagnon est gendarme. Après avoir fait son service militaire dans la gendarmerie, il est devenu gendarme mobile à l’étranger. Puis 16 ans dans deux Psig, les pelotons de surveillance et d’intervention. Il vient d’entamer sa 28e année de service dans une brigade sud-finistérienne.

À l’heure du petit noir dans un troquet de Quimper, elle se confie sur leur quotidien. Le terrain sans arrêt, « les services à rallonge, des heures à n’en plus finir… » Être femme de gendarme n’est pas de tout repos. De jour comme de nuit. A-t-elle peur ? « Oui, des interpellations. Je lui demande toujours de m’envoyer un texto après pour me dire comment ça s’est passé. Je suis inquiète quand il ne rentre pas à l’heure. Quand il part en intervention de 2 h à 7 h, s’il n’est pas rentré vers 8 h, je me réveille en sursaut et je panique. Je lui envoie un message : la plupart du temps, il est au bureau et finalise une intervention de dernière minute. »

« Des réactions injustes »

Son compagnon finit « souvent plus tard que prévu et ça décale son repos physiologique ». Les horaires atypiques rythment leur vie de couple et de famille. Mais aussi les astreintes de nuit « quand on ne peut pas bouger de la maison », les postes des collègues qui ne sont pas remplacés, comme celui qui vient de partir à la retraite. « Ils sont quand même malléables : ils doivent être disponibles tout le temps, s’adapter en permanence. »

Le Psig, c’est du costaud. Maintien de l’ordre. Interpellations délicates et musclées. Parfois, ça dérape. Dans la violence verbale, souvent. Physique aussi. Quand elle a découvert sur Facebook ce collectif des Femmes des forces de l’ordre en colère, Stéphanie n’a pas hésité à les rejoindre. Depuis septembre, sa carte de membre a rejoint les autres dans son portefeuille.

Elle se mobilise dès qu’elle peut pour apporter son soutien. Son engagement lui sert aussi en tant que femme de gendarme : « Si un jour tu as un coup de cafard, tu peux discuter avec des gens qui comprennent que ce que tu vis est compliqué. »...

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