mercredi 21 février 2018

Prison : les surveillants sanctionnés financièrement

La menace était dans l’air. Elle vient de s’abattre. Les agents pénitentiaires qui n’ont pas pris leur poste pendant les mouvements de janvier vont être frappés au portefeuille. Même ceux qui bénéficiaient d’un arrêt maladie.


C’était une arme de dissuasion massive brandie par l’administration lors des mouvements sociaux qui ont mis le feu aux prisons françaises en janvier.



La hiérarchie pénitentiaire avait menacé les agents, en colère après plusieurs agressions, de les frapper au portefeuille. Cela avait eu peu d’effet sur la détermination de ces hommes et ces femmes se battant pour leur sécurité. Quelques semaines après la signature d’accords « a minima » selon certains et la reprise du travail, la sentence vient de s’abattre.

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Les listes d’agents sanctionnés financièrement viennent d’être transmises par l’administration centrale. Elle invalide tous les arrêts maladie délivrés en janvier.

« C’est sans précédent, gronde le monde carcéral. Ils nous méprisent. Ils ne nous respectent définitivement pas. » D’après les listings, des dizaines d’agents vont être touchées. Ils seront 161 à Nancy-Maxéville, par exemple. 164 à Metz. « Pour certains, cela représente 500 €, 600 €, parfois 700 €. C’est énorme », relate Philippe Château (FO-Pénitentiaire). Quasiment la moitié d’une paie mensuelle pour certains. « Je ne pensais pas qu’on en arriverait là. On n’a pas le droit de faire grève, c’est vrai. Je m’attendais à être sanctionné. Mais pas autant. C’est la première fois que je vis ça », souffle un agent messin.

Dans une note transmise aux surveillants messins, l’administration indique que « le fait pour des agents pénitentiaires de se placer en arrêt maladie lors d’un mouvement social peut constituer un détournement du statut spécial. Ainsi, une cessation du travail est considérée comme concertée lorsque les arrêts sont placés sur une même période du 20 au 28 janvier. » L’administration frappe fort et ne fait pas de distinction entre les agents grévistes, les agents malades et ceux qui ont été empêchés de travailler parce que les portes étaient bloquées. C’est aussi un sacré coup de canif envers les médecins. « Il est possible de faire un recours. Mais je ne suis pas sûr qu’ils auront gain de cause », craint Fadila Doukhi, déléguée régionale FO-Pénitentiaire.

« Ils refusent d’échelonner… »

Les premiers recours ont été transmis. Certains agents ont également demandé des étalements de ces retenues. « Refus catégorique. Vous imaginez les conséquences familiales ? J’ai des crédits sur la maison, la voiture. Si on me retire 600 € en mars, je ne peux pas payer, s’inquiète cet agent installé en Moselle. Je fais comment pour nourrir les miens ? Ils ne veulent même pas échelonner… » D’autres pensent que « cette mesure dure est une façon de nous mettre une pression énorme pour qu’on ne se relance pas dans un tel mouvement. » L’administration pénitentiaire, contactée mais restée muette hier, n’a oublié personne pour ces sanctions...

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