jeudi 5 juillet 2018

Fleury-Mérogis : le département débloque 100 000 € pour la crèche de la maison d’arrêt

C’est une « innovation sociale » inédite en France. La microcrèche de 10 places ouvrira en septembre à Fleury-Mérogis, plus vaste prison d’Europe. 

Fleury-Mérogis : le département débloque 100 000 € pour la crèche de la maison d’arrêt

Son fonctionnement sera financé par la CAF et le conseil départemental, qui a voté à l’unanimité une convention de partenariat lundi dernier.



Ils ont moins de 18 mois et vivent derrière les barreaux car leurs mamans sont incarcérées. A partir de septembre, ces bébés seront pris en charge par une microcrèche installée au cœur de la maison d’arrêt pour femmes (MAF) de Fleury-Mérogis, la plus grande prison d’Europe.

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Une innovation « unique en France », qui avait été annoncée en mars dernier. Le conseil départemental a voté ce lundi l’approbation de la convention qui la lie pour 3 ans avec l’établissement pénitentiaire et le centre communal d’action sociale (CCAS) de la ville de Fleury. Entre 2018 et 2020, il va allouer 100 000 € par an pour le fonctionnement de cette structure d’une capacité de 10 places.

« Jamais un établissement pénitentiaire n’a mis en place un tel service, insiste Dany Boyer, conseillère départementale (DVD) déléguée à la protection de la santé maternelle et infantile. Il s’agit d’offrir plus de bien-être aux tout-petits qui vivent jusqu’à leurs 18 mois aux côtés de leur mère incarcérée. On ne doit jamais oublier que ce sont leurs mamans qui sont en prison, pas eux. »

Ils ont donc droit aux mêmes protections que tous les autres enfants. « Leur prise en charge ponctuelle était assurée par une codétenue lorsque leur mère incarcérée devait exercer une activité rémunérée [NDLR : ce qu’on appelle le cantinage], décrit le rapport du conseil départemental. Ce n’est plus possible aujourd’hui. »

« Un environnement stimulant et sécurisé pour les jeunes enfants »

Sans compter « le profil des mères incarcérées qui a considérablement évolué ». « La radicalisation notamment entraîne plus de « confinement » de celles-ci, occasionnant une interrogation sur le quotidien des enfants, poursuit le rapport. La prise en charge éducative des enfants n’est plus appropriée non plus et ne contribue pas à une intégration sociale. »

La microcrèche devrait y remédier. Concrètement, la nurserie (lire ci-dessous) qui prend en charge actuellement huit bébés est transformée à partir de septembre en « petit établissement d’accueil du jeune enfant de 10 places » grâce à un cofinancement de la CAF (Caisse des allocations familiales) et du département. « Avec une souplesse de fonctionnement et un environnement stimulant et sécurisé. »

Quatre agents du CCAS de la ville de Fleury-Mérogis y seront affectés. « Juridiquement, cette structure est rattachée à la commune car elle se situe sur son territoire, détaille Aline Cabeza, maire (DVG). Mais la petite enfance étant une compétence du conseil départemental, c’est lui qui subventionne. » A hauteur de 80 000 € pour 2018, puis 100 000 € en 2019 et 2020 pour cette première convention, amenée à être renouvelée à échéance.

Fait rare dans l’assemblée départementale : la convention a été adoptée à l’unanimité et saluée jusque dans les rangs de la minorité. « C’est une grande avancée, félicite Marjolaine Rauze, conseillère d’opposition (PCF) au sein du groupe Rassemblement de la gauche et des écologistes. J’espère que cela permettra à d’autres maisons d’arrêt de se lancer. C’est plus qu’une microcrèche, cela offre une évolution très importante dans la prise en charge de ces nourrissons. »

80 % des « bébés taulards » quittent la prison avec leur mère

Selon un mémoire publié en 2012 par Valentine Gros-Colas, une étudiante et intitulé « les bébés taulards », la durée moyenne de leur séjour est de sept à huit mois. « 80 % de ces enfants quittent la prison avec leur mère, les autres sont placés dans leur famille, chez un tuteur désigné par la mère, en famille d’accueil ou dans un foyer de la Direction régionale des affaires sanitaires et sociales », détaille l’auteure universitaire.

La maison d’arrêt des femmes (MAF) de Fleury-Mérogis, où 268 détenues étaient incarcérées au 1er janvier 2018 (pour 258 places), abrite depuis déjà plusieurs années la plus grande nurserie carcérale de France...

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