mercredi 4 juillet 2018

Redoine Faïd : on en sait plus sur la préparation de son évasion

Un haut responsable de la police judiciaire a estimé mardi que des membres du grand banditisme avaient participé à l'organisation de l'évasion de Redoine Faïd de la prison de Réau dimanche.



"L'évasion elle-même a été mûrement réfléchie et faite probablement par des membres du grand banditisme. Ce n'est pas quelque chose qui s'improvise." 

Le chef de la sous-direction de la lutte contre la criminalité organisée et la délinquance financière (SDLCODF), Philippe Veroni, a révélé mardi, lors d'une rare conférence de presse, certains détails de l'évasion de Redoine Faïd de sa prison de Réau, en Seine-et-Marne, dimanche matin. 

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Et sur sa préparation. Selon le haut responsable de la police judiciaire, ce sont entre quatre et cinq personnes qui ont aidé le braqueur multirécidiviste, "probablement des fidèles qui acceptent de prendre des risques conséquents". "Des gens qui ont travaillé avec lui ou qui veulent travailler avec lui", a décrit le patron de la SDLCODF, ajoutant que pour l'heure, ils n'avaient pas été identifiés.

L'absence de filin repérée grâce aux drones?

Redoine Faïd a été extrait de la prison alors qu'il se trouvait dimanche matin au parloir avec son frère, Brahim. Or, selon Le Parisien, cette visite était initialement prévue dimanche après-midi, mais elle a été avancée au matin. De même source, c'est Redoine Faïd lui-même qui en avait fait la demande la veille, prétextant qu'il voulait voir le match de foot l'après-midi. "Il avait même fait pression sur l'administration pénitentiaire", a expliqué une source proche de l'affaire au Parisien.

Placé en garde à vue dimanche, Brahim Faïd a nié avoir eu vent du projet d'évasion de son frère. Il a été libéré mardi, faute d'éléments suffisants à son encontre. Les enquêteurs cherchent toujours à comprendre comment l'évasion a pu être aussi rapidement réalisée, les membres du commando sachant parfaitement à quel endroit il n'y avait pas de filin de sécurité, quel chemin emprunter jusqu'au parloir et comment découper la porte.

Selon Le Parisien, ils s'interrogent sur le fait de savoir si c'est lors de survols de la centrale de Réau par des drones qu'ils ont découvert qu'il n'y avait pas de filin au-dessus de la cour d'honneur. "C'était la seule façon pour Faïd de s'évader", a expliqué une source proche du dossier au journal. De même source, six rapports avaient été rédigés par la direction de la prison sur ces survols de drone ces derniers mois.

Le Point rapporte par ailleurs le témoignage du pilote d'hélicoptère, pris en otage et tabassé par le commando lourdement armé.

Selon le magazine, l'homme est remonté à bord d'un hélicoptère lundi pour tenter de refaire précisément le chemin parcouru avec le commando, depuis l'aérodrome de Lognes jusqu'à la prison de Réau, puis après l'évasion, jusqu'à Gonesse, dans le Val d'Oise.

"Fais pas l'idiot, on connait ta famille!", lui auraient notamment dit les malfaiteurs. "Les deux membres du commando qui sont descendus de cet appareil étaient froids et maîtrisaient parfaitement leurs gestes et leurs déplacements. Ils n'ont pas montré d'hésitation. Ils savaient parfaitement où ils devaient se rendre", a précisé une source proche de l'enquête au magazine.

La ministre de la Justice assure que la prison était "adaptée" à un détenu comme Faïd

Un mail, dévoilé lundi par plusieurs médias, atteste de l'existence de craintes d'évasion de l’administration pénitentiaire. Selon ce document, le transfert du détenu avait en effet été demandé par la direction interrégionale des services pénitentiaires de Paris au mois de juin. "Le transfèrement aura lieu dans le courant du mois de septembre", répondait l'administration pénitentiaire centrale dans cet échange de courriels.

Interrogée mardi lors des questions d'actualité à l'Assemblée nationale, la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a assuré que la prison de Réau était "adaptée pour ce type de détenus" et que l'établissement ne souffrait "pas de sous-effectif en terme de personnel".

"Le régime" d'incarcération de Redoine Faïd, "DPS (détenu particulièrement signalé) était spécifiquement adapté à une prise en charge nécessitant une surveillance renforcée", a-t-elle encore ajouté, dans une tentative de couper court à tout polémique, alors que syndicats pénitentiaires et élus de l'opposition accusent l'Etat de laxisme.

Pour l'heure, les recherches se déroulent en France

Pour les policiers, place désormais à la traque. Le haut fonctionnaire de la police judiciaire a décrit Redoine Faïd comme un "individu dangereux", "un criminel qui a déjà tué". Une allusion à l'affaire du braquage raté qui a coûté la vie à la policière municipale Aurélie Fouquet en 2010 et pour lequel Redoine Faïd, considéré comme "l'organisateur" de l'opération, a été condamné à 25 ans de prison en appel en avril dernier.

Ce sont désormais une centaine de policiers spécialisés de la PJ qui se concentrent sur la traque, contre 2.900 dans les premières heures qui ont suivi l'évasion. "Nous attendons une certaine forme de résistance, donc nous mettrons un dispositif conséquent", lorsque le fugitif pourra être interpellé, a expliqué Philippe Veroni. "Pour l'instant, on se concentre sur le territoire national", a-t-il précisé, ajoutant : "Il y a des cavales qui durent des jours, des mois, des années." "Il peut reprendre le métier ou peut prendre la fuite à l'étranger pour se faire oublier", a-t-il encore estimé.

La mère d'Aurélie Fouquet, elle, a lancé un vibrant appel au braqueur sur Europe 1 : "S'il vous plaît, rendez-vous. Quoi qu'il arrive, où que vous soyez, de toute façon, à un moment donné la justice vous retrouvera, votre passé vous rattrapera."

JDD






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