vendredi 13 juin 2014

À la prison de Perpignan, 227 détenus se partagent 113 places…

Le syndicat Ufap-Unsa a manifesté jeudi devant un centre pénitentiaire "en plein naufrage".

Dans la fumée noire des pneus enflammés, les mines de la trentaine de surveillants mobilisés trahissent une fatigue évidente. Sans doute parce que, dans le cadre du mouvement national auquel appelait leur syndicat, l'Ufap-Unsa Justice, ils sont arrivés vers 5 h pour mettre en place leur barrage. Mais surtout, parce que cela fait des mois qu'ils accumulent une tension palpable, liée tout à la fois à leurs conditions de travail, et à ce qu'ils appellent "le naufrage du système pénitentiaire".
Pierre Grousset, est surveillant au quartier des mineurs. Comme la plupart des personnels de ce secteur sensible, il accuse 36 heures supplémentaires chaque mois. "C'est le plafond maximum… Et comme nous sommes sous statut spécial, nous ne pouvons les refuser". Au-delà de ces heures à rallonge, c'est l'ambiance dans laquelle elles se déroulent qui pèsent sur Pierre. "Au centre pénitentiaire de Perpignan, le problème principal c'est que nous sommes la 2e prison la plus surpeuplée de notre direction interrégionale, qui comprend Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. À la maison d'arrêt, par exemple, nous avons 113 places pour 227 détenus… Vous mettez un matelas au sol, trois détenus dans une cellule qui contient un w.-c., avec cette chaleur, forcément il y a des tensions !".
  • Shit, trafic et racket
D'autant, poursuit Pierre, que Perpignan accueille plus qu'à son tour les détenus difficiles provenant d'autres établissements. "C'est ce qu'on appelle des mesures d'ordre et de sécurité et normalement, lorsqu'un de ces détenus arrive, un autre part. Mais depuis le début de l'année, nous en avons accueilli 15, et seulement 4 sont partis : nous sommes en train de devenir un quartier de haute sécurité, ce qui n'existe pourtant plus !". Sans compter l'arrêt des fouilles systématiques au retour des parloirs. "Résultat, à l'intérieur de nos murs, les lois de la République ne sont pas respectées : on y fume du shit, on y gère des trafics à l'aide de téléphones, on rackette, et on menace les plus faibles… Ou les surveillants. Et tous les jours, on se retrouve face à ceux qui nous agressent, impunément. Forcément, tout cela, on l'emmène le soir à la maison. On y pense toute la nuit, à ce qui pourrait arriver le lendemain…". Hier, les surveillants de l'Ufap-Unsa ont empêché l'extraction des détenus devant être jugés. En espérant être entendus, lassés de n'être qu'écoutés.
L'indépendant

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