Au nord de Québec, trois criminels en attente de leur jugement se sont évadés à bord d'un hélicoptère. Deux jours plus tard, ils sont toujours introuvables.
L'entrée de la prison d'Orsainville, au nord de Québec, peu après l'évasion de trois détenus par hélicoptère.
Jacques Mesrine est-il mort ? C'est la question qu'ont dû se poser les responsables du centre de détention de Québec. 42 ans après l'évasion de l'"ennemi public n° 1", la Belle Province a été le théâtre d'une autre histoire rocambolesque. Trois hommes se sont échappés en hélicoptère d'une prison située à quelques kilomètres de la ville de Québec. L'appareil s'est posé dans la cour intérieure à 19 h 45, et a pris à son bord Yves Denis, 35 ans, Denis Lefebvre, 53 ans, et Serge Pomerleau, 49 ans. Liés aux Hells Angels, ces malfrats avaient été arrêtés en 2010 dans le cadre d'une opération visant à démanteler un réseau de trafic de stupéfiants. Ils avaient été placés dans cet établissement dans l'attente de leur procès.
Selon un détenu, qui a réussi à joindre la radio québécoise CHOI Radio X quelques minutes après l'évasion, l'hélicoptère s'est posé dans l'enceinte de la prison et est reparti en "moins de cinq minutes". L'approche a été rendue possible grâce à un vol à très basse altitude et à la coupure de la radio et des transpondeurs. L'appareil s'est alors dissimulé aux yeux des radars, n'étant plus qu'une simple "tache" non identifiable sur les écrans de contrôle. Il a donc pu aisément accéder à l'intérieur de la prison, dont le survol n'est ni interdit ni surveillé.
Qui est fautif ?
Alors qu'il y a 15 mois, à Saint-Jérôme (à 300 kilomètres au Sud-Ouest de Québec), un événement similaire avait déjà eu lieu, rien n'a été changé depuis. Les gardes rejettent donc la faute sur le gouvernement, qui n'a pas su s'adapter aux menaces modernes et tirer les leçons de ses échecs. Un ancien garde du pénitencier leur a donné raison. Il a expliqué au Soleil (l'un des deux journaux de la ville de Québec) : "On n'est pas équipés pour [ce genre de situation]. J'ai toujours dit qu'un jour on (serait bon) pour avoir une évasion par hélicoptère." En effet, plusieurs pilotes expérimentés ont confirmé que le lieu était mal protégé contre ce type d'opérations, car il laissait de nombreux espaces où atterrir à un bon pilote. Ce pénitencier étant un établissement provincial, les gardes n'étaient pas lourdement armés et n'avaient pas accès à la cour intérieure. En d'autres termes, ils n'étaient pas préparés pour ce genre d'opérations.Carol Lagaçé, pilote d'hélicoptère chevronné, a expliqué sur Radio-Canada qu'une solution relativement peu coûteuse aurait été de mettre en place un système de câbles ou de filets sur les cours ouvertes. C'est ce qui se fait dans les établissements fédéraux, dans lesquels vont les détenus avec les plus lourdes peines une fois leur procès terminé. Interpellée par un représentant de syndicat d'agents correctionnels, la nouvelle ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault, n'a pour l'instant commenté l'affaire que de manière succincte : elle a rappelé la nécessité d'appréhender les trois évadés au plus vite. Rien en revanche sur le fait que ces problèmes avaient déjà été soulevés.
Rétablir la justice au plus vite
Fait étrange, les détenus étaient considérés comme extrêmement dangereux par les forces de sécurité canadiennes, mais leur cote de sécurité (plus ou moins élevée selon la dangerosité des détenus) avait été récemment annulée. Au départ menottés aux mains et aux pieds lors de leurs sorties, ils avaient progressivement réussi à bénéficier d'un traitement plus indulgent. Selon Annie Mathieu, du Soleil, ils auraient également eu accès à un ordinateur, un téléphone portable et même à un plan du centre de détention... Des conditions idéales pour mettre en place un plan d'évasion et qui auraient été rendues possibles par des menaces sur le personnel pénitentiaire.Ce lundi 9 juin, les criminels devaient comparaître avec un quatrième complice, toujours en prison, devant le tribunal de la ville de Québec pour la suite de leur procès, entamé le 8 avril. Ils étaient jugés pour trafic de stupéfiants, complot et infractions au profit d'une organisation criminelle. Pour l'heure, les poursuites sont maintenues et le procès aura bien lieu. Même en leur absence, une peine pourra être prononcée par le juge. À ces procédures, il faut ajouter celles prévues en janvier à Montréal. Les trois évadés doivent comparaître pour meurtre. Ces différents mobiles d'accusation couplés à leur évasion leur ont permis de rejoindre le cercle fermé des dix criminels les plus recherchés du Québec. Les citoyens de la Province ont été encouragés à la vigilance et doivent appeler les services de police s'ils ont la moindre information à propos des trois hommes. Les recherches sont toujours en cours à l'heure actuelle, mais le périmètre à couvrir, déjà large au départ - 500 à 550 kilomètres, soit l'autonomie estimée de l'hélicoptère - grandit d'heure en heure.
Le Point
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