Mehdi Nemmouche, l'homme suspecté d'être l'auteur de la fusillade qui a fait quatre morts au Musée juif de Bruxelles, aurait fréquenté en prison des "détenus islamistes radicaux", selon le procureur de Paris. Un cas qui pose à nouveau la question du radicalisme religieux en prison.
Mehdi Nemmouche est parti en Syrie fin 2012
Petite frappe en entrant en prison, islamiste radical à la sortie. C'est en fréquentant des intégristes derrière les barreaux que Mehdi Nemmouche, soupçonné d'être l'auteur de la fusillade qui a fait quatre morts au Musée juif de Bruxelles, se serait radicalisé, a déclaré dimanche le procureur de Paris François Molins. Pourtant, "en 2010-2011, il n’était apparemment pas religieux. Ni de près ni de loin. Sa famille n’est pas religieuse, lui non plus", explique à Libération Soulifa Badaoui, ancienne avocate du suspect français.
Mais en 2012, trois semaines après sa libération, le jeune homme de 29 ans, qui a passé cinq ans en prison, se rend en Syrie, sûrement pour combattre dans les rangs des jihadistes. Ce qui lui vaudra son inscription dans les fichiers du renseignement français. Un parcours vers la radicalisation qui relance le débat sur l'incapacité de la prison à contenir en son sein la montée de l'intégrisme religieux, avec les cas de Khaled Kelkal en 1995 et Mohammed Merah en 2012. Les extrémistes "vont leur expliquer qu'ils ne sont pas coupables, explique pour BFMTV Gilles Kepel, politologue et spécialiste de l'Islam. Ceux qui sont coupables, ce sont les impies, la société française ou européenne qui les a condamnés à la misère et mis leurs parents au chômage."
"On ne comprend pas"
Un discours de déculpabilisation qui ne peut que séduire certains, qui ont vécu dans un environnement familial instable. Balloté de foyers en foyers, délinquant multirécidiviste, le parcours chaotique de Mehdi Nemnouche entre en compte dans sa radicalisation. "Ce glissement ne s’explique pas uniquement par des raisons religieuses, mais surtout par des facteurs psychologiques, voire psychiatriques", confirmait il y a un an l’imam de la Grande Mosquée de Bordeaux, Tareq Oubrou, à La Croix. "Ils se bricolent un islam en surfant sur des sites extrémistes sur Internet", ajoutait l'imam.
Mais malgré une enfance et une adolescence difficile, jamais la famille de Nemnouche n'aurait pensé que le jeune homme puisse devenir un "djihadiste", selon le mot employé par le procureur de Paris. "On ne comprend pas, explique l'un de ses oncles à La Voix du Nord. (…) Je pense que c’est en prison qu’il a dû faire de mauvaises rencontres. C’est à partir de là qu’il est parti en vrille. Il a dû se faire embrigader". Pour contenir la montée de l'intégrisme en prison, l'administration pénitentiaire a augmenté la surveillance des détenus et choisi d'embaucher davantage d'aumôniers musulmans : 15 en 2013, et 15 autres en 2014.
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