vendredi 5 février 2016

Montauban - Maison d'arrêt Beausoleil : le jet de petits paquets, un sport infernal

«Incidents répétés au sein de la maison d'arrêt Beausoleil, trafics en tous genres, projections journalières par-dessus les murs»,

Les riverains habitant juste à côté de la maison d'arrêt Beausoleil vivent chaque jour un cauchemar : des individus s'introduisent sans autorisation dans leur jardin pour lancer de petits colis réceptionnés de l'autre côté du mur.../ Photo DDM, Chantal Longo

énumère Pascal Rezzani, responsable du syndicat FO pénitentiaire qui fait aujourd'hui un point presse devant la prison pour dénoncer une situation catastrophique dont un phénomène semble de plus en plus visible à l'extérieur de l'établissement : le lancement de petits paquets.


En effet, il ne se passe pas un seul jour sans que l'un des habitants n'ait la mauvaise surprise d'apercevoir des individus s'introduire dans son jardin avoisinant le mur de la prison. «Ils escaladent les portails ou les grillages même si on est là, s'insurge une voisine qui souhaite garder l'anonymat comme tous les autres par peur de représailles. Une fois, je leur ai demandé ce qu'il faisait chez moi ?

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 Et ils m'ont répondu, qu'ils étaient chez eux !» A quelques pas de là, une résidente a même été menacée : «Il y en a un qui a passé son pouce sous sa gorge après que je lui ai dit de dégager…» Ce niveau de violences n'est pour l'instant pas régulier.

«En général, ils nous disent qu'ils jettent juste un truc puis s'en vont vite», raconte une propriétaire. Ce truc, c'est en fait un petit colis de 10 cm de long et de large qui contient des stupéfiants ou un portable qui projette à l'aide d'une fronde.

Pour tenter d'endiguer ce «fléau» comme le qualifient certains, les riverains ont pris le réflexe d'appeler la police municipale - deux caméras de vidéosurveillance ont été installées de part et d'autre du passage Arnaud Lapierre- mais aussi la police nationale qui tous deux, multiplient les rondes aléatoires dans le quartier.

Résultat : la semaine dernière, quatre Toulousains ont été interpellés en flagrant délit. Mais depuis quelques temps, des individus commencent à jeter aussi des petits paquets de l'autre côté, impasse Auguste Comté alors qu'ils ne le faisaient pas avant. Or, à cet endroit, aucune caméra (municipalité) n'a été installée pour l'instant.

Le début du cauchemar

«C'est depuis l'agrandissement de la maison d'arrêt en 2010 où on est passé de 100 places à 144 que les choses se sont envenimées, assure Pascal Rezzani. On a dû accueillir des gros caïds de Perpignan ou de Toulouse.»

Pour les riverains, la solution serait soit la construction d'un portail de part et d'autre de la ruelle à côté du mur de la prison soit l'installation d'un filet pour réquisitionner les petits colis. Mais problème, le coût. «L'installation d'un filet s'élève à 150 000 €», affirme le gardien qui demande que l'article 57 interdisant les fouilles systématiques des détenus soit suspendu.

«On nous dit qu'on est en état d'urgence et les moyens sont donnés à certains services sauf à nous ! pointe-t-il du doigt. On ne peut pas fouiller systématiquement les détenus alors qu'on sait que 80 % d'entre eux trafiquent à l'intérieur de la prison !» Les surveillants se sentent impuissants. Par exemple, lors des promenades, moment phare du trafic «aérien», seul l'agent dans le mirador surveille et appelle ses collègues à la moindre réception de colis à l'intérieur de la cour.

Quant à la direction interrégionale des services pénitentiaires, elle indique être «attentive et mobilisée aux solutions à mettre en place». Et rappelle les divers travaux entrepris comme «l'installation de pare-vues en rehausse du mur d'enceinte empêchant ainsi les personnes détenues de voir au-delà de l'enceinte de l'établissement. Il est à noter que ce dispositif a réduit les projections extérieures et en limite les effets.» Mais, pour Pascal Rezzani, «si ce problème n'est pas résolu, cela peut mal finir à l'extérieur puisque, je le comprends, les voisins sont excédés…»

«On n'a plus de matelas en stock»

«Aujourd'hui, on trouve trois détenus dans une cellule de 9 m2, alerte Pascal Rezzani, responsable du syndicat FO pénitentiaire. La maison d'arrêt Beausoleil emprisonne actuellement 201 hommes alors qu'elle est destinée à en recevoir que 144. Une surpopulation qui a démarré il y a environ un an d'après le syndicaliste.

La raison ? «La politique pénale qui a la volonté de remplir de plus en plus les prisons et l'état d'urgence», répond-il. Désormais, des détenus dorment sur des matelas qui jonchent le sol, et pire : «On n'a plus de matelas en stock», lâche le surveillant qui travaille depuis 10 ans dans la maison d'arrêt de Montauban et qui n'a jamais vécu une telle situation. «On est en train de voir si certains établissements pénitentiaires ne peuvent pas nous en prêter», indique-t-il avant de questionner sur les jours à venir : «On a environ deux arrivés par jours et aucune sortie prévue avant la fin du mois de février. La direction tente alors d'en transférer certains vers d'autres établissements pénitentiaires.» Des établissements qui sont également en surpopulation et qui envoient eux aussi des détenus... à la maison d'arrêt de Montauban…

La Dépêche

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