À l’occasion de la journée de la femme, ce mardi 8 mars, nous avons rencontré Aurélie Leclercq, qui dirige la prison d’Annœullin depuis 2011, soit 300 agents pour 670 détenus.
Être une femme a-t-il été un handicap ou un atout dans votre métier ? « Ni l’un ni l’autre. En tout cas, ça ne m’a jamais handicapé, c’est sûr ! C’est davantage mon âge qui a surpris les gens. Quand j’ai pris mes fonctions ici, j’avais 35 ans, et parmi les partenaires extérieurs présents, quelqu’un m’a demandé quand arrivait mon patron… »
Les femmes sont-elles toujours minoritaires dans l’encadrement carcéral ? « Elles sont de plus en plus nombreuses dans la jeune génération. Les promos qui sortent sont majoritairement féminines. Donc, ça va changer. Pour la direction interrégionale de Lille, nous sommes 5 directrices pour 27 établissements… Mais à Annœullin, sur quatre personnels d’encadrement, nous sommes trois femmes ! Ça étonne. »
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C’est la profession que vous vouliez faire au début de vos études ? « J’ai commencé le droit pour devenir commissaire. Finalement, en DEA, j’ai découvert le milieu carcéral. J’étais attiré par ces métiers non pas parce qu’ils sont masculins, mais parce qu’on est au service de la société, de l’État, de l’ordre public. »
Est-ce que le fait d’être une femme oblige à des règles de sécurité plus strictes ? « On applique les mêmes règles de sécurité que pour un homme. Mais, quand je vais voir un détenu particulièrement dangereux, certains surveillants me disent qu’ils restent à proximité. Il y a comme un instinct de protection ! Par contre, j’ai une adjointe enceinte et je lui demande de ne plus effectuer certaines missions, notamment les commissions de discipline. C’est parfois tendu, le détenu peut s’énerver… »
J’imagine que vous essuyez des remarques sexistes de la part des détenus ? « On en entend bien sûr (NDLR. on ne peut pas écrire ici les termes qu’Aurélie Leclercq nous a dit entendre dans les couloirs) mais comme les surveillants. C’est pour tout le monde pareil, sauf que ce ne sont pas les mêmes termes ! »
Et pour votre tenue et celle de vos adjointes, vous avez des consignes ? « Je ne porte pas d’uniforme. Il m’est arrivé de rappeler à des collaboratrices de faire attention. On ne s’interdit pas les jupes mais pas trop courtes. Il faut juste une tenue appropriée à la fonction. »
Et dans la vie quotidienne, lorsque vous annoncez votre métier, quelle est la réaction la plus courante ?
« Ça surprend toujours les gens. Récemment, le dernier épisode de la saison de la série Baron Noir, avec Kad Mérad (déjà diffusé sur Canal +), a été tourné ici. La production cherchait un figurant pour faire le directeur de la prison. J’ai dit que je voulais bien… Mais, il fallait un homme d’une cinquantaine d’années ! C’est un cliché. D’ailleurs, les acteurs étaient surpris de voir autant de femmes dans la direction. »
La Voix du Nord
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